Le Mars Club
de Rachel Kushner

critiqué par Pacmann, le 29 janvier 2019
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Une autre vision de la société américaine
Romy Hall, jeune femme de 29 ans, condamnée à la perpétuité, a rejoint la prison de Stanville en Californie après avoir sauvagement tué Kurt Kennedy, un de ses anciens clients qui la harcelait lorsqu'elle se produisait au « Mars Club », une boîte glauque de striptease de San Francisco. Son fils de sept ans, Jackson, vit désormais chez la mère de la jeune femme. Mais lorsque cette dernière meurt subitement, Romy mesure toute l'étendue de son impuissance et prend conscience de l’impasse absolue dans laquelle elle s’est plongée.

Au fil de l'intrigue volontairement déstructurée, avec de nombreux flash-back, nous suivons la vie de Romy ( comme Romy Schneider) avec différentes voix. Les narrateurs se succèdent dans un florilège d’anecdotes avec une foultitudes de figures à la fois très détaillées, riches et attachantes, même dans ce qu'elles ont de plus dur ou violent dans leur comportement.

Autre personnage du roman, celle de Gordon Hauser qui vient enseigner la littérature aux prisonnières. Un homme difficile à cerner, solitaire et qui préfère la compagnie des grands auteurs à celle de ses semblables.

Le lecteur est embarqué dans un roman très dur dans lequel on raconte ce qu’est cette autre société américaine en utilisant le prisme du monde carcéral, donnant ainsi à voir une réalité bien plus percutante et nuancée que le rêve américain avec des personnages en crise, forts et faibles à la fois mais terriblement humains. Une société à la violence sociale omniprésente, conséquence directe d'un modèle basé sur l'individualisme tout en abordant son thème de prédilection, soit celui de la violence faite aux femmes

A travers ce roman au style ardu, d'une grande puissance mais tout en subtilité, c'est bien la société américaine que l'auteur décortique et monte d’un cran par rapport à un autre de ses romans récemment lu, « Les lance-flammes ».