Le Poids du monde
de David Joy

critiqué par Killing79, le 27 septembre 2018
(Chamalieres - 44 ans)


La note:  étoiles
Coup de coeur rural
Présentation de l'éditeur
Après avoir quitté l'armée et l'horreur des champs de bataille du Moyen-Orient, Thad Broom revient dans son village natal des Appalaches. N'ayant nulle part où aller, il s'installe dans sa vieille caravane près de la maison de sa mère, April, qui lutte elle aussi contre de vieux démons. Là, il renoue avec son meilleur ami, Aiden McCall. Après la mort accidentelle de leur dealer, Thad et Aiden se retrouvent soudain avec une quantité de drogue et d'argent inespérée. Cadeau de Dieu ou du diable ?


Mon avis: J’étais passé à côté du premier roman de David Joy. Celui-ci avait été couvert d’éloges. Dès la sortie de ce nouvel opus, j’ai donc décidé de m’attarder sur son cas.

La région des Appalaches est le décor de cette aventure. On fait la connaissance de Thad et Aiden, des jeunes hommes du cru. Ils vivent chichement dans cet environnement plutôt austère. Ils portent tous deux des passés assez lourds et traumatisants. La misère est omniprésente dans cette histoire. Elle entraîne les protagonistes sur les routes de la débrouille et de l’embrouille. Constamment drogués, ils agissent toujours sur un fil et à la limite de la catastrophe.

Avec leurs idées de liberté, ils prennent sans cesse les mauvaises décisions et s’enterrent encore plus dans leur détresse. Tous les évènements semblent se combiner pour leur appuyer la tête sous l’eau. L’auteur humanise ses acteurs en exposant leurs faiblesses. Le lecteur en vient alors à se prendre de sympathie pour ces perdants pourtant incorrigibles. Tout au long du récit, on espère que le destin va tourner et qu’enfin la chance va leur sourire. On s’accroche même à l’idée d’une rédemption…

Le roman est sombre, vraiment sombre. Une atmosphère de médiocrité repose sur les épaules des personnages. L’ambiance est étouffante mais grâce à des dérapages et à de la violence incontrôlée, l’aventure part à plusieurs reprises en vrille. Cela donne lieu à des scènes aussi déstabilisantes que jouissives qui rythment la lecture.

Il est vrai que je ne peux pas lire ce genre de livre trop souvent, par peur de tomber en dépression. Il est vrai aussi qu’un certain nombre d’écrivains, tels que Donald Ray Pollock ou Ron Rash, se sont déjà illustrés avec succès dans ces romans ruraux noirs. Mais David Joy prouve avec ce « Poids du monde » qu’il a gagné le droit de figurer dans la liste des maîtres du genre. Il m’a bluffé avec son réalisme rustique au service de personnages attachants et d’une histoire rondement menée. Les Appalaches ont un nouvel ambassadeur !

http://leslivresdek79.com/2018/09/…