Tenir jusqu'à l'aube de Carole Fives

Tenir jusqu'à l'aube de Carole Fives

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Nathavh, le 16 septembre 2018 (Inscrite le 22 novembre 2016, 59 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 284ème position).
Visites : 2 202 

Tenir jusqu'à l'aube

Roman de la rentrée, auteure découverte grâce à l'intime festival dont elle était l'invitée en août dernier.

Roman coup de poing, qui fait prendre conscience du sort des mères célibataires, du poids qui pèse sur leurs épaules, du risque de précarité et du regard de la société les concernant.

J'ai pris une claque en lisant ce récit d'une mère solo avec son fils de deux ans. Ne pas pouvoir s'évader lui pèse, ce huis-clos perpétuel avec un fils difficile en manque de père, possessif, exclusif, réclamant sans cesse d'avoir sa maman à côté de lui "à côté, à côté".. Ne jamais pouvoir souffler, avoir un moment de répit, pas simple.

Elle, car c'est à la troisième personne que l'auteure nous en parle, nous décrit son quotidien.

Peu à peu, elle veut retrouver un peu de liberté, retrouver sa vie d'avant. Alors la nuit elle s'évade. Elle s'octroie un peu de temps pour elle, marchant simplement dans les rues à la recherche de ce sentiment de liberté. Quelques minutes d'abord, puis un peu plus à chaque fois.

En parallèle, elle raconte "La chèvre de Monsieur Seguin" à son fils, cette chèvre éprise elle aussi de liberté. La fable raisonne, se fera-t-elle aussi manger par le loup ? Quelle sera la conséquence de ces petits moments d'évasion ?

La réponse vous l'aurez en lisant ce très beau roman.

Beaucoup de sujets abordés, la difficulté de travailler en étant 24h/24 avec son fils car difficulté de trouver une place dans une crèche, ce qui a un effet boule de neige ; moins de travail, moins de moyens, plus de fatigue mentale et physique, un enfermement social et moral.

J'ai été interpellée par les réactions sur les forums internet, en utilisant les recherches concernant les vocables mère solo (et sortie), mère solo et argent, mère solo et disparaître ou encore mère solo et autorité, père absent, plutôt que de trouver aide et réconfort, la plupart des réactions condamnent la mère en détresse, l'enfoncent au lieu d'être solidaire.

Un très bon livre de la rentrée, une plume vive. De courts chapitres, c'est dynamique, cela me donne envie de découvrir le répertoire de Carole Fives.

Ma note : 9/10


Les jolies phrases

On les a voulus les loulous, on les a désirés, et eux, ils n'ont rien demandé. Il faut relever la tête, assumer et assurer.

Qu'est-ce qu'on ferait sans eux ? Tout ce qu'on faisait avant !

Le petit est devant la télé. La moins chère des babysitters, à défaut d'être la meilleure.

Ces promenades les laissaient hagards, défaits, le plaisir de la sortie était gâché, il fallait traverser quelques rues encore, puis le grand hall de la résidence et ses mosaïques au sol, se jeter dans l'ascenseur et regagner leur dernier étage, leur huis clos, leur petit enfer quotidien.

L'enfant avait besoin de l'affection de ses deux parents pour grandir, comme de ses deux jambes pour marcher.

Solo, c'est moins sinistre que seule. Solo, ça renouvelle la figure de la mère célibataire, larguée, quittée, abandonnée, ça éloigne le cliché misérable de la fille-mère, de l'adolescente promenant son landau sur un trottoir défoncé du nord de la France.

Désormais un seul mot d'ordre, ne pas tomber malade, on ne pouvait pas se le permettre.

Un matin qu'ils avaient passé la nuit côte à côte, elle était partie seule, sur les bords de la Saône. Il faisait beau, et elle était pareille à cette rivière, profonde, escarpée, prête à se jeter dans le premier fleuve venu. Ce matin-là, quelle joie. Quelle joie de penser à lui, à eux, à l'avenir qui s'ouvrait enfin.

C'était sans doute dans ces moments-là que l'envie de fuir était la plus forte. Quand elle réalisait qu'elle ne supportait plus cet unique rôle où on la cantonnait désormais, dans un film dont elle avait manqué le début, et qu'elle traversait en figurante. C'était alors que les fugues s'imposaient, comme une respiration, un entêtement.

Avoir un corps. Un corps sans enfant qui s'y cramponne. Un corps sans poussette qui le prolonge. Ça lui a paru étrange lors de ses premières sorties. Elle s'était sentie nue, vulnérable. Comme si on l'avait amputée de quelque chose, d'une extension quasi naturelle d'elle-même.

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Tout cela pour ça !!!

5 étoiles

Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 62 ans) - 5 juillet 2019

"Tenir jusqu'à l'aube " de Carole Fives (190p)
Ed. L' arbalète ( Gallimard)

Bonjour les fous de lectures ....

Voici un livre très court, quasi un huis-clos, qui nous raconte la galère d'une mère solo.

Nous suivons la narratrice dans son quotidien qui s'égrène au gré de la vie de "l'enfant".
Difficultés financières, quête de boulot, fatigue, déprime, culpabilité, tout défile le long de ces quelques pages.
Face à l'incompréhension qui l'entoure, la narratrice s'octroie quelques virées nocturnes pendant que l'enfant dort. Ses bulles d'oxygène.
Au début quelques minutes, le temps du tour du pâté de maison , ensuite un peu plus longtemps .. encore plus longtemps ....jusqu'à frôler la catastrophe;

Et voilà ... point final !
J'ai vraiment envie de dire " tout cela pour ça " !!!!

Certes, l'auteure nous brosse un portait de la société contemporaine et en particulier de ces mères "solo" qui jonglent à longueur de journées, de mois et d'année pour que leurs petits se sentent bien.

Mais il a manqué quelque chose pour que la sauce prenne .. J'ai eu du mal a trouver de l'empathie pour cette mère pour qui, quoi qu'elle entreprenne, tout se révèle être un fiasco.
Elle est seule ... trop .. pas de famille (ou peu) pas d'amis, pas de collègues, pas de maman de square ou de crèche ...
Is it possible ?

Vous l'aurez compris, ce court récit ne m'a pas franchement convaincue même si je suis 100% compréhensive en ce qui concerne les galères des mères "solo".

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