Boondocks, tome 2 : Libérez Jolly Jenkins !
de Aaron McGruder

critiqué par Sahkti, le 7 juin 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Racisme à l'américaine
Second album des aventures de Huey et Riley Freeman, deux jeunes noirs vivant dans la communauté blanche sudiste de Woodcrest, en compagnie de Jazmine, une petite fille métisse qui déteste qu’on lui dise qu’elle a du sang africain dans les veines. On trouve également Cindy, une gamine blanche qui résume la culture black au rythm’n blues et au rap.
La cohabitation des blancs et des noirs est plus que délicate et la vie quotidienne est émaillée de petits incidents, en apparence sans importance, mais qui finissent par agacer, voire énerver.
Dans ce récit, Huey veut initier sa nouvelle école à la doctrine révolutionnaire… ("Je ne suis pas un animal de compagnie. Je suis noir et je me bats pour la liberté ! Nous sommes des pèlerins dans une terre sans dieu"). Pas facile quand on vient de South Side, quartier sensible de Chicago et qu’on se retrouve dans une école BCBG majoritairement blanche.
Riley décide quant à lui de rebaptiser les sections du quartier avec des noms de rappeurs, ça ne passe pas très bien non plus, d’autant plus que Riley a toujours préféré l’école de la rue à l’ennuyeusement officielle et qu’il aime jouer les caïds de service.

Cette série est publiée dans des dizaines de journaux américains et crée régulièrement la polémique, lettres de menaces et conversations de bistrot à l’appui. C’est que McGruder pointe du doigt les défaillances de la société américaine et son hypocrisie raciale. Ses petites bulles en disent bien plus sur les réalités américaines que de longs éditos confus. Tout y passe : le sectarisme, le racisme, les mariages multiculturels, les politiques extrémistes, etc.
Cet esprit trouve à nouveau sa place dans ce second opus de la série, avec quelques perles comme la convocation par le directeur de l’école qui va enseigner à Huey et Riley et qui n’a jamais vu de Noirs en vrai : "Vous devez me promettre de ne pas paniquer. Il ne faudrait pas que vous ayez une attaque hein ?! Cette année, vous allez avoir un garçon du ghetto".
Une bédé qui secoue et dérange les milieux conservateurs, ça ne leur fera pas de mal !