A l'ombre de la mort
de Léon-E Halkin

critiqué par Alceste, le 18 août 2018
(Liège - 62 ans)


La note:  étoiles
Un prisonnier politique dans les griffes des SS
Voilà une lecture dont on ne sort pas indemne.

Certes les témoignages de rescapés des camps nazis ne sont plus rares, mais j’ai découvert que les prisonniers politiques ont eux aussi subi les atrocités que j’associais généralement aux Juifs.

Le récit touche par son style dépouillé, resserré, sans rien de sec ni d’ impersonnel cependant. A la volonté de décrire le plus objectivement possible s'ajoute celle d'expliquer, sans haine ni rancoeur.

Léon Halkin, donc, éminent professeur d’histoire à l’Université de Liège, est arrêté sur dénonciation en tant que membre de la Résistance en novembre 1943. Commence alors pour lui la descente marche après marche vers le dernier cercle de l’Enfer.
Pas une page, pas un paragraphe qui ne laisse stupéfié, sidéré, horrifié, révolté.
La lecture de certains épisodes est d’ailleurs insoutenable et c’est seulement parce que l’on connaît l’issue heureuse que l’on se résout à poursuivre.

Mais on est admiratif face aux ressources que trouvent les captifs pour survivre à ces tortures physiques et psychologiques. Léon Halkin s’appuie sur sa grande culture, ses souvenirs littéraires, et l’on découvre ébahi qu’en plein cœur du camp de Dora se donnaient des conférences improvisées sur Balzac, la Grèce, la chasse, etc. Il tirera également beaucoup de force de sa foi chrétienne, et une scène parmi les plus émouvantes le montre recevant la Communion dans des transports d’extase et d’allégresse après des semaines de privation.

Publié dès 1947, peu de temps après les événements, le récit est honoré d’une préface de François Mauriac. Réédité sans modifications majeures en 1965 et en 1985, on peut qu’espérer une nouvelle édition.