L'Ombre des monastères: Retrouvailles à Rivière-du-Loup
de Jean-Louis Fleury

critiqué par Libris québécis, le 14 août 2018
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Meurtre contre des musulmans
Jean-Louis Fleury, Français d’origine, a vécu au Québec. Il a travaillé pour Hydro-Québec, une entreprise d’État qui produit de l’électricité ainsi que pour Radio Canada comme rédacteur. À la retraite, il s’est fait auteur de romans policiers. Sa dernière œuvre raconte les péripéties d’une enquête entourant un triple meurtre contre des musulmans, soit deux jeunes à Rivière-du-Loup s’apprêtant à joindre les rangs djihadistes et un iman à Sainte-Marguerite, le village voisin.

Le mandat des enquêteurs n’a rien d’une sinécure. Aucun indice n’amène à une piste susceptible de conduire à l’arrestation du coupable. Mais il s’agit de toute évidence d’un illuminé qui nourrit une haine sans nom à l’égard des soldats d’Allah. Fait d’autant plus troublant que deux autres meurtres ont été commis en Europe selon le même rituel contre des islamistes. Les spadassins défendraient-ils la même cause sous la même bannière ? Protéger le monde occidental contre l’éventuelle invasion des impies du Moyen-Orient. Il faut se porter à la défense du christianisme en Europe et en Amérique, voire devenir fascistes pour que triomphe la gloire de notre dieu comme l’ont fait les collaborateurs français au moment de la Deuxième Guerre mondiale. Châteaubriand serait-il fier d’eux ?

Dans ces eaux, la cohorte de l’extrême droite surnage comme un diable dans l’eau bénite. Pour se donner de la cohésion, elle suit des maîtres sanguinaires qui ont marqué l’Histoire en prônant la pureté par la criminalité. Jadis, on traquait le youpin, aujourd’hui, certains voudraient éliminer les suppôts de l’islam. L’auteur souligne le combat de cette phalange vouée à la défense de la culture chrétienne en allant puiser chez ceux qui se sont démarquées. Sans rapporter nécessairement des faits historiques, il mâtine ses trouvailles à la sauce de Don Brown. Jean-Louis Fleury prend bien la précaution de préciser qu’il ne faut pas chercher dans son roman une œuvre historique. Il s’agit d’un polar qui a planté son décor dans le Bas-Saint-Laurent, plus particulièrement autour de l’église Saint-Patrice de Rivière-du-Loup et du monastère des Clarisses, lieux qui servent de champ de jeu aux criminels en herbe de droite du Québec.

Le roman repose sur un canevas fort riche et imposant. L’enquête cependant piétine pendant plus de 300 p. Le travail policier semble peu pertinent pour en arriver à un dénouement. Les pièces du puzzle tombent par magie afin d’assurer la quadrature du cercle. On bavarde plus que l’on enquête réellement. Même si l’héroïne, Aglaé Boisjoli, est un super flic en manque de sexe, son flair imparable peut engendrer l’incrédulité du lecteur. Ce volet apparaît plutôt estudiantin.