L'énigme du Suaire - La contre-enquête
de Ian Wilson

critiqué par Bernard2, le 13 août 2018
(DAX - 74 ans)


La note:  étoiles
Enquête minutieuse
Plus de 1 000 ouvrages ont été écrits sur le Suaire. On a ici un livre particulièrement fouillé, précis, détaillé, cherchant à recueillir toutes les informations disponibles sur ce qui reste l'objet le plus étudié et analysé au monde.

La première question, cruciale, qui se pose : le Suaire et l'image d'Edesse sont-ils un seul et même objet ? L'image d'Edesse est mentionnée du temps du roi Abgar V, contemporain du Christ. Puis ce linge disparaît pour ne réapparaître qu'au milieu du VIème siècle. L'art chrétien modifie alors les représentations de Jésus, et son visage devient semblable à celui figurant sur le Suaire.

Le tissu d'Edesse est accueilli à Constantinople en 944, pour à nouveau disparaître pendant le sac de la ville, en 1204. On pense que les Templiers ont assuré sa sauvegarde, le conduisant en un lieu tenu secret, ce qui ne sera pas étranger à la décision de Philippe le Bel de faire arrêter les Chevaliers du Temple le 13 octobre 1307.

C'est sept ans plus tard que Geoffroy de Charny, un des plus hauts dignitaires des Templiers, sera brûlé pour hérésie, bien qu'il ait toujours clamé son innocence.

Geoffroy de Charny était originaire de Lirey, petit village de Champagne. Le linceul y fait sa réapparition quelques années plus tard. Il sera déplacé plusieurs fois pour le mettre en sécurité pendant les conflits, échappera à deux reprises à des incendies. Il trouve sa destination actuelle à Turin en 1578. La famille de Savoie, propriétaire du Suaire, lègue en 1983 la relique au pape Jean-Paul II et à ses successeurs. Le Suaire est depuis cette date officiellement propriété de l’Église catholique.

En 1988, une datation au carbone 14 affirme que la pièce est un faux réalisé au Moyen-Âge. On va même l'attribuer à Léonard de Vinci, alors que son existence est attestée avant la naissance de l'artiste. L'intérêt pour le Suaire va alors fortement diminuer. Mais l'enquête menée, et détaillée dans le livre, montre sans ambiguïté que cette datation a multiplié les erreurs, et qu'elle n'est d'aucune fiabilité.

La question majeure reste donc bien de savoir si l'image d'Edesse et le Suaire ne sont qu'une même pièce. Il semble qu'il n'y ait plus guère de doutes, et que le Suaire est bien la pièce de tissu qui a enveloppé le Christ à sa descente de la croix.

Ce livre remarquablement analytique (trop parfois, certains éléments peu utiles ou trop fouillés alourdissent la lecture) s'adresse aussi bien aux chrétiens, pratiquants ou non, qu'aux agnostiques ou athées. La valeur historique de ce linceul se suffit à elle-même, ne serait-ce qu'en raison de la part de mystère qui subsiste, aucune explication scientifique valable n'étant en mesure d'expliquer comment une telle image a pu se former.

Chacun garde sa liberté quelles que soient ses croyances. L’église ne donne d'ailleurs aucune consigne particulière à qui que ce soit.