Un amour extraordinaire / Yvonne-Aîmée de Malestroit
de René Laurentin

critiqué par CC.RIDER, le 11 août 2018
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Des vertus extraordinaires
Yvonne Beauvais, (1901 – 1951) entrée dans les ordres en 1927 sous le nom de sœur Yvonne-Aimée de Jésus, fut la fondatrice et la première supérieure générale de la fédération des monastères de son ordre. Pendant la seconde guerre mondiale, elle soigna les blessés des deux camps, sauva les vies de nombreux résistants ainsi que de deux aviateurs anglais. Pour ces faits d’armes, elle se vit remettre la Légion d’honneur par le général de Gaulle. Attirée très tôt par l’amour du Christ, elle commence très jeune à pratiquer la charité auprès de pauvres gens de la ceinture des « fortifs » de Paris qu’elle soigne et assiste du mieux qu’elle peut. Atteinte de paratyphoïde, elle est soignée chez les Augustines de Malestroit, en Bretagne. Elle accepte de subir l’épreuve des stigmates. Très vite, elle se lance dans la création d’une clinique moderne et dans toutes sortes de travaux d’aménagement de son couvent. Elle écrit une série romancée sur son expérience mystique qu'elle intitule « Monette ». En 1931, elle fonde un journal « La jeunesse augustinienne » qui rencontre un joli succès. Chargée de la formation des novices, elle est tellement aimée qu’elle est élue à l’unanimité supérieure de son couvent à 33 ans. Mais sa santé reste fort précaire. Albuminurie, tuberculose, problèmes cardiaques, fibrome utérin, cancer du sein plus une hypertension qui entraina l’hémorragie cérébrale dont elle mourut.
« Un amour extraordinaire » est la biographie non romancée d’une religieuse tout à fait exceptionnelle. L’auteur s’est astreint à ne relever que les faits, rien que les faits, sans beaucoup s’attarder sur le merveilleux voire le surnaturel ou le paranormal qui a marqué sa vie (stigmates, effusion de sang, visions…). Il a collecté une très importante documentation (répertoriée en fin d’ouvrage). Pratiquement toute sa narration repose sur de très larges emprunts aux carnets intimes d’Yvonne-Aimé. Le lecteur a ainsi l’impression qu’Yvonne lui parle, se confie à lui en totale sincérité. C’est particulièrement remarquable quand elle décrit les souffrances et les injustices qu’elle doit supporter. Au total, une humble vie de prière, de dévouement et d’ascèse qui fait penser à celle de la petite Thérèse de Lisieux ou à celle de Bernadette de Lourdes. Malgré tout ce qu’elle subissait, elle gardait perpétuellement sa bonne humeur, sa joie de vivre et son souci des autres. De très nombreuses photos et documents illustrent cet ouvrage fort bien réalisé et écrit d’une plume alerte. En ces temps d’indifférence et de refroidissement de la ferveur religieuse, il peut être agréable de lire ce genre de récit de vie extraordinaire et pourquoi pas d’essayer de s’inspirer de tant de vertus.