Le mystère Croatoan
de José Carlos Somoza

critiqué par Nav33, le 10 août 2018
( - 76 ans)


La note:  étoiles
Cauchemar
Le récit démarre par la disparition d'une famille ayant subitement abandonné sur place son pique-nique (ainsi qu'un des enfants parti en promenade). Ceci rappelle des disparitions massives et mystérieuses survenues au cours de l'histoire , notamment un épisode de la colonisation des Etats-Unis. Plusieurs personnes reçoivent un mail post mortem de deux ans d'un éthologue qui a travaillé sur les interactions comportementales d'animaux d'espèces différentes . Les destinataires sont d'anciens élèves ou amis de cet étrange professeur. Surviennent alors à l'échelle mondiale des manifestations de masse qui (délibérément) ne sont pas sans rappeler la Nuit des Morts Vivants. Entre en jeu un représentant d'Interpol chargé de gérer la situation pour l'Espagne , mais dont le briefing préalable par ses supérieurs a été volontairement édulcoré et tronqué. Il est entouré d'une équipe de de forces spéciales tout en muscles et en équipements. Le cauchemar s'amplifie au delà de ce qui est imaginable (sauf pour l'imagination plus que tourmentée de Carlos Somoza qui fut psychiatre avant d'être écrivain). En contrepoint de cette toile de fond dantesque les principaux protagonistes ont des préoccupations et des dialogues assez souvent d'une écrasante banalité.
La théorie c'est que les êtres vivants seraient liés entre eux comme le sont par exemple les insectes à l'intérieur d'un essaim ou les poissons dans un banc , ou plus loin encore par une intrication comme le sont des particules dans la physique quantique. A la faveur d'un dérèglement dont la cause m'échappe ces interactions dégénèrent pour aboutir à de nouvelles formes d'organisation de la vie.
Ne vous attendez pas bien sûr pas à une fin hollywoodienne , mais à une apothéose qui ne manque pas d'allure .
Après avoir lu précédemment Clara et la pénombre je suis cette fois très perplexe. Je ne sais pas l'intention de l'auteur. Est-ce de la science-fiction à prendre au premier degré , ou s'agit-il de nous confronter à des émotions que nous pourrions avoir face à d'autres situations monstrueuses?
Parfois, il faut se résoudre à renoncer... 3 étoiles

J'ai été une lectrice époustouflée de Somoza avec "La caverne des idées", "Clara et la pénombre" ou encore "La théorie des cordes".
Même si le plaisir s'est montré dégressif au fil du temps, je me suis attachée à l'univers et (à une époque...) au style de l'auteur. Malgré ce plaisir diminuant, j'ai persisté... Mais voilà, je pense que là, nous avons atteint un roman de trop.
Somoza se cantonne à son style fantastique, d'anticipation, certes, mais la qualité de plume, la construction narrative, l'originalité des idées... sont bel et bien partis en fumée à mes yeux.
Inutile de revenir sur le contenu dans cette critique éclair, mais seulement sur la désolation quant au cliché des personnages (tous plus caricaturaux les uns que les autres), leurs interactions et discussions des plus consensuelles voire vides, les côté inéluctable et désespérant du concept, sans réel apport éclairant sur cette notion amenant le basculement de la conscience individuelle vers la "conscience" collective.
Les détails gores ne manquent pas, les solutions rocambolesques et autres facilités narratives non plus... Il n'aurait plus manqué qu'un deus ex machina improbable pour achever la lectrice désolée que j'étais. Bref, a priori, on me m'y reprendra plus...

Bluewitch - Charleroi - 44 ans - 24 décembre 2018