Pactum salis
de Olivier Bourdeaut

critiqué par Alma, le 30 juillet 2018
( - - ans)


La note:  étoiles
Promesse d'ivrogne
Le pacte du sel : un titre pompeux qui donne à penser à un engagement solennel pris entre deux parties responsables et conscientes des enjeux . Pourtant le pacte dont il est question ici est un engagement pris au soir d'une beuverie lors de laquelle un agent immobilier nouveau riche et un peu frimeur qui roule en Porsche se trouve engagé à travailler au service d'un ouvrier saulnier misanthrope qui n'a pour tout véhicule qu'une guimbarde rouillée.C'est le prix du préjudice causé sur un tas de fleur de sel sur lequel il avait uriné !

La collaboration de ces deux personnages au caractère et à l'origine sociale opposés, contraints de travailler ensemble en plein été ne sera pas toujours facile et deviendra vite source d'un comique récurrent.

Autour de ce binôme improbable gravitent un certain nombre de personnages secondaires, souvent savoureux . Même s'ils donnent consistance à l'intrigue, ils ont aussi tendance à l'éparpiller .

Toutefois le roman est servi par l'écriture d'Olivier Bourdeaut et le ton qu'il donne à son récit .
Une écriture qui a du panache, au vocabulaire riche ( parfois un peu abscons pour qui ne connaît pas le vocabulaire technique qui s'attache au domaine de la récolte du sel ) , qui use (et abuse ….) d'images, de métaphores filées. L'auteur a les défauts de ses qualités !
Une écriture parfois grandiloquente au service d'un ton héroï-comique qui se manifeste surtout dans les scènes d'ivresses et de bagarres homériques.

Somme toute, un agréable moment de lecture, surtout en été !
Improbable rencontre 7 étoiles

Michaël/Michel est un agent immobilier, issu d’un milieu modeste, un self-made-man, qui a réussi grâce à son travail de forcené mais aussi grâce à une absence de scrupules qui lui laisse quelquefois des remords.
Jean a parcouru le chemin inverse. Parisien, fils unique d’intellectuels très occupés, après quelques années d’inactivité, il devient paludier à Guérande.
La rencontre de deux hommes que tout oppose, aux trajectoires inversées, est un moment savoureux du roman.
Après une première partie un peu longue – comme la cohabitation de Jean avec Henri , un aristocrate alcoolique – on assiste aux rencontres des deux hommes, à cette difficile relation avant de terminer sur une fin, qui est à mon avis, la partie la moins réussie du roman.

Un beau deuxième roman bien différent du premier si ce n’est une analyse pertinente des relations humaines servie par une écriture agréable, qui laisse une belle part entre deux récits agités de beuverie ou/et bagarre, à des des descriptions de toute beauté des marais salants.
La dualité de leur relation est formidablement bien racontée, l’ambivalence permanente de leurs sentiments, amour et haine, attirance répulsion, mépris, jalousie, envie...

Marvic - Normandie - 65 ans - 15 octobre 2018