Pie XII : Diplomate et pasteur
de Philippe Chenaux

critiqué par Sahkti, le 3 juin 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Pie XII et le nazisme
La question de l’implication de l’Eglise face au nazisme et au drame de la Shoah ne cesse de déranger. Le rôle de Pie XII, trouble et mal défini, provoque de vives polémiques et il est facile de se perdre dans le dédale des publications proposées sur le sujet. J’ignore si celle que j’ai choisie est la meilleure, elle m’a en tout cas appris pas mal de choses.
Philippe Chenaux a rédigé une biographie scientifique de Pie XII, en se basant sur des archives vaticanes désormais accessibles aux chercheurs, avantage de taille sur ceux qui l’ont précédé. A la lecture de cet ouvrage, on découvre (ou on reçoit la confirmation) que Pie XII était un diplomate de qualité, qui, échaudé par l’échec de son compromis de paix pendant la Première Guerre, décida d’adopter la neutralité absolue pendant la Seconde Guerre. Difficile de juger une telle décision, mais elle est mieux comprise à la lecture des documents analysés par Chenaux. Pie XII voulait protéger les intérêts catholiques avant tout.
De même face au régime nazi, même si le pape a montré quelque attirance pour l’Allemagne, rien n’établit vraiment et avec certitude qu’il avait développé des sympathies nazies.
Philippe Chenaux affirme, preuves à l’appui, que Pie XII a clairement œuvré pour défendre les Juifs d’Italie ou de Hongrie. La neutralité du Saint-Siège ne lui permit cependant pas de se rapprocher politiquement de pays plus engagés que le Vatican.
A lire et à examiner en détails pour mieux comprendre ce qui s’est passé, mais est-il possible de connaître toute la vérité ? Si la biographie de Chenaux lève bien des pans du voile, elle n’éteint certes pas la controverse. Ce n’était d’ailleurs pas son but. L’historien explique avoir voulu apporter diverses informations, énoncer les faits et jamais écrire un plaidoyer et s’ériger en juge.