Là où vivent les loups
de Laurent Guillaume

critiqué par Killing79, le 13 juillet 2018
(Chamalieres - 44 ans)


La note:  étoiles
Priam, l'associable
Présentation de l'éditeur
Le train arrive dans la petite gare de Thyanne, terminus de la ligne. Priam Monet descend pesamment d un wagon. Presque deux mètres pour un bon quintal et demi, mal sapé et sentant le tabac froid, Monet est un flic misanthrope sur la pente descendante. Son purgatoire à lui c'est d être flic à l'IGPN, la police des polices. Sa mission : inspecter ce petit poste de la police aux frontières, situé entre les Alpes françaises et italiennes. Un bled improbable dans une vallée industrieuse où les règles du Far West ont remplacé celles du droit. Monet n'a qu une idée en tête, accomplir sa mission au plus vite, quitte à la bâcler pour fuir cet endroit paumé. Quand on découvre dans un bois le cadavre d'un migrant tombé d'une falaise, tout le monde pense à un accident. Pas Monet. Les vieux réflexes ont la peau dure, et le flic déchu redevient ce qu'il n a cessé d'être : un enquêteur perspicace et pugnace. La victime était-elle un simple migrant? Qui avait intérêt à la faire disparaître? Quels lourds secrets cache la petite ville de Thyanne? Monet va rester bien plus longtemps que prévu.


Mon avis: A l’instar d’Hugues Pagan ou plus récemment d’Hervé Jourdain ou d’Olivier Norek, Laurent Guillaume fait partie de la famille des policiers auteurs, qui exercent ou ont exercé dans les forces publiques. En général, leurs intrigues sont plutôt basées sur le réalisme que sur la surenchère de péripéties.

Ce roman ne déroge pas à la règle. L’expérience de l’auteur lui permet de concentrer le récit sur les enquêteurs. Le lecteur est entraîné dans leur quotidien. Il est aux premières loges des relations et des échanges entre les différents membres de l’équipe, comme s’il y était. On est intégré aux évènements et l’immersion est totale.

Et là, bien installé dans ce milieu, on découvre Priam Monet. C’est un commandant de l’IGPN qui se retrouve embarqué par inadvertance dans une affaire de meurtre qui va l’obliger à revêtir son ancien costume de flic. Cet individu a la particularité flagrante d’être tout simplement… ignoble ! En effet, avec son physique imposant, il n’est pas avare de réflexions misanthropes et ne semble aimer personne. Le livre est parsemé de réparties verbales cassantes, sans filtre, parfois assez savoureuses. Au premier abord, il ne suscite donc que de l’antipathie et du rejet. Mais au fil de l’aventure, on apprend à le connaître et l’auteur réalise un coup de maître, en nous le rendant presque attachant.

Laurent Guillaume dépeint avec justesse l’ambiance de la montagne et de son microcosme social. En ajoutant sa parfaite connaissance du monde policier, tout est réuni pour coller au plus près à la réalité. L’écriture et l’intrigue maîtrisées font de ce « Là où vivent les loups » un très bon polar rural, que vous ne lâcherez pas. Pour ma part, j’ai eu un coup de cœur pour ce livre et son auteur. J’espère que cette enquête ne restera pas un one-shot et que je recroiserai le chemin de Priam Monet, l’associal, que j’ai adoré détester.