Moisson
de Jim Crace

critiqué par Septularisen, le 3 juillet 2018
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
"Le blé, tout comme les hommes et les femmes, aime être écrasé."
Au début du récit nous sommes dans une petite communauté agricole vivant en autarcie dans un petit village. Nous découvrons les mœurs de l’époque, notamment la vie aux champs à travers les yeux de Walter Tirsk, qui est le frère de lait du seigneur des terres sur lesquelles les villageois se sont installés : maître Kent.

Un mystérieux crime vient d’avoir lieu, puisque un incendie criminel vient de ravager le pigeonnier et les écuries du manoir de maître Kent. Si Walter Tirsk comprend très vite que les coupables sont trois jeunes villageois, la faute en est donnée à trois étrangers, deux hommes et une femme, qui venaient juste de s’installer sur les terres de la communauté.

Les deux hommes sont condamnés au pilori, la femme à avoir le crâne rasé. Même s’il ne dit rien, Tirsk ne peut que s’insurger contre cette injustice d’autant plus qu’il est tombé (comme une grande partie du village et maître Kent…), sous le charme envoûtant de la beauté de maîtresse Beldam, la femme étrangère qui est parvenue à s'échapper et à se cacher dans la forêt.

Une série d’actes criminels mystérieux et de plus en plus violents débutent alors dans le village. Et pire que tout, un autre noble, maître Jordan, vient revendiquer les terres sur lesquelles les villageois sont établis...

Jim CRACE (*1946) nous propose ici une sorte de conte pour adultes. La date et le lieu du récit et de l’action ne sont jamais précisés, mais on devine être en Angleterre sans doute entre 1500 et 1600. Malgré cela, la vie, les mœurs de l’époque sont très bien rendues par l’auteur, notamment p. ex. les travaux agricoles, la chasse, la cueillette, l’élevage des porcs etc…
Sinon, pour le reste c’est très poussif, très lent, sans véritable rebondissement, sans véritable action. C’est un livre d’attente, de contemplation, d’un format très classique…

Si l’écriture est très belle, - notamment dans les descriptions des paysages naturels, je dois le reconnaître -, quoi que très impersonelle et très distanciée par rapport aux personnages, l’histoire, elle est ennuyeuse et monotone au plus haut point! Tout le livre étant écrit sur un ton très monocorde dû au fait que toute l’histoire est vue et nous est racontée par une seule personne. C’est une suite de je ; je ; je … Au point qu’à la fin on en a un peu marre, et que l’ennui pointe très vite!
Cet ennui me prenant tellement que je me suis même surpris vers la fin du livre, à lire un peu en diagonale! Fin qui est d’ailleurs inutilement étirée et rallongée, - et malgré tout l’auteur ne nous donne pas la réponse à toutes les questions que l’on se pose -, comme si l’auteur voulais faire encore quelques pages de rab!... On a aussi l'impression que l'histoire n'a ni queue ni tête, l'auteur se contentant de nous montrer les personnages en ne nous disant que très vaguement d'ou ils viennent, ensuite ils se contente de les faire vivre une semaine devant nous, et enfin ils disparaissent tous au fur et à mesure, sans que l'on sache vraiment ce qu'ils sont devenus...

Un roman sans aucun doute très particulier, déroutant et qui plaira certainement à certains, mais qui personnellement ne m’a pas du tout convaincu…

Rappelons que ce livre a été le lauréat du prestigieux International Dublin Literary Award (IMPAC Dublin) en 2015.