Les Crèvecoeur 1: Édith et Romain
de Antonia Medeiros

critiqué par Alapage, le 23 juin 2018
( - 50 ans)


La note:  étoiles
Mitigée...
Au cours de ce premier tome, Antonia Medeiros nous fait découvrir la famille Crèvecoeur. Une famille hors du commun dont le récit est scindé en deux parties d'où le titre Édith et Romain, parents de Germain.

Le récit débute donc par le décès de Germain. Son fils Raphaël, qui n'a jamais connu son père, apprend la nouvelle par le biais du notaire. Mais qui est ce Germain? Serait-il possible qu'il soit vraiment son père et que sa mère ne lui ait raconté que des mensonges? Il doit absolument découvrir qui était, ce Germain.

Pour se faire, nous faisons un retour en arrière en même temps que Raphaël et nous nous retrouvons à une époque où les jeunes filles n'avaient aucun droit de regard sur leur futur mari. Nous voilà en fait au début du vingtième siècle. Étant enfant unique, Édith Gervais se voit dans l'obligation de s'unir à Romain Crèvecoeur afin de passer le relais de la cordonnerie familiale. Cet homme arrivé de nulle part, mais dont le métier est le même que celui de la famille Gervais, semble être au parfait endroit, au parfait moment.

Pour Romain, c'est sa passion pour les chaussures qui l'aura mis sur les chemins de la famille Gervais. Nous pourrions pratiquement affirmer que c'est plus qu'une passion. C'est une à la fois une obsession et sa raison de vivre. Après des années d'errance et de petits boulots afin de satisfaire sa passion, il devait se trouver un endroit où se poser. Bayeux semble être l'endroit idéal. Grâce à ses manipulations, il aura fallu bien peu de temps pour convaincre le père Gervais.

Dès leur nuit de noces, Romain ne se gênera pas pour dire à son épouse qu'il ne l'aime pas et qu'il n'est intéressé que par le commerce. Par contre, il n'avait pas prévu qu'il aurait un fils et pour lui, il n'est pas question de l'avoir dans les jambes. Par conséquent, Germain vivra au sein d'une famille dysfonctionnelle qui aura un impact sur sa personnalité et ses échanges avec les gens. Malgré tout, il se découvrira une passion pour la chaussure. Laissera-t-il cette passion détruire sa vie comme l'a fait son père? Détruira-t-il la vie des gens qui l'entourent afin de satisfaire ses propres besoins?

Extrait : J'aimais l'univers des souliers, c'étaient des objets qui me parlaient, un véhicule naturel, pratique et beau, avec lequel je me sentais bien. Je ne voulais pas réparer ni collectionner ce qui avait autrefois été beau. Non, moi je voulais fabriquer le beau et le rendre exceptionnel. Je ne voulais pas regarder l'usure des choses, mais créer du neuf, du parfait, et peut-être aussi oublier qu'un jour tout cela s'effrite.

Sincèrement, je ressors de ce récit avec une drôle d'impression. Je ne pourrais pas dire si j'ai apprécié ma lecture ou non, car le début fut extrêmement pénible pour moi. Le style d'écriture de l'auteure est assez singulier et je n'ai pas pour habitude de lire ce genre de littérature. Il y a très peu de rebondissements et les échanges entre les divers personnages sont quasiment inexistants.

De plus, Antonia Medeiros détaille les chaussures à un point tel qu'à certains moments cela crée des longueurs incroyables. Et que dire des descriptions qu'elle donne sur le métier de cordonnier et la passion de Romain... En fait, ce premier tome me donne l'impression d'être un hymne à la chaussure.

Et en même temps, lorsque l'auteure sort de ses descriptions analytiques, l'intrigue nous charme. Je voulais en savoir toujours plus sur la vie des personnages de cette famille. Au fil des pages, je me suis laissée prendre au jeu de vouloir découvrir pourquoi Germain a décidé de se suicider et de laisser de multiples lettres à Raphaël afin de lui raconter sa vie et celle de ses parents. Je voulais savoir ce que ferait Raphaël avec toutes ces informations, mais ce n'est que le premier tome donc je suis restée sur ma faim.

Est-ce que je pourrais me laisser tenter par la suite de cette saga? Très sincèrement, je ne pourrais pas répondre à cette question, car les moments où j'ai senti des longueurs me semblent trop nombreux. De plus, à la fin j'en avais un peu marre de lire toutes ces informations sur le métier de cordonnier, de bottier et sur la façon dont l'on fabrique une chaussure. Ce sont des éléments qui, à mes yeux, ont leur importance dans le présent récit, mais pas à ce point. Mais en même temps, je sens que les personnages se sont ancrés dans mon imaginaire.

Bref, si vous aimez les récits où l'intrigue se déroule tout en douceur, où la plume de l'auteure est analytique et très imagée, cette saga est pour vous!