Les mirages de la certitude : Essai sur la problématique corps/esprit
de Siri Hustvedt

critiqué par Colen8, le 21 juin 2018
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Apologie du doute
Les progrès de la connaissance en neurosciences, en génétique, en intelligence artificielle, dans l’origine du vivant en général ne suffisent pas à résoudre l’éternelle question du rapport de la pensée immatérielle au cerveau constitué de matière, en l’occurrence des neurones et de l’eau principalement. Les débats relatifs aux parts respectives de l’inné et de l’acquis sont là aussi dépassés avec la prise en compte de l’épigénétique qui tient compte des différences dans les perceptions, les préjugés, le milieu culturel et l’environnement dans lequel on vit.
Dans cet essai à caractère philosophico-scientifique excellemment maîtrisé, l’universitaire américaine Siri Hustvedt(1) férue de psychanalyse et de neurologie mais plus connue jusqu’à présent pour ses romans, balaie l’histoire des idées depuis la pensée grecque jusqu’à la théorie computationnelle de l’esprit qui voudrait assimiler son fonctionnement à des algorithmes traités à la manière d’un ordinateur surpuissant.
Pour elle, le réductionnisme statique conforté par le dualisme cher à Descartes, qui s’est avéré d’une grande fécondité pour l’Occident pendant des siècles, a montré ses limites. La complexité du vivant avec toute sa richesse et son inventivité que l’on voit à l’œuvre depuis la toute première cellule n’en est pas au point d’ouvrir un quelconque champ à l’immortalité pas plus que des robots n’auront de conscience ni de capacité à éprouver des émotions comparables aux nôtres.
(1) Ainsi que sa traductrice Christine Le Bœuf