Un fils parfait
de Mathieu Menegaux

critiqué par Nathavh, le 17 juin 2018
( - 59 ans)


La note:  étoiles
Un fils parfait
Il y a quelques semaines je découvrais le premier roman de Mathieu Menegaux "Je me suis tue", j'avais adoré, j'ai donc décidé dans la foulée de lire le second que voici.

Une fois encore, bravo Mathieu Menegaux a vraiment le don de partir de faits réels et de nous démontrer que la justice a des failles et n'est pas toujours équipée pour fonctionner correctement.

Tout avait pourtant bien commencé pour Maxime et Daphné, un mariage heureux, la naissance de leurs filles Claire (9 ans) et Lucie (7 ans). Une famille parfaite ! jusqu'au jour où ...

Daphné se consacrait à sa carrière, absente trois jours par semaine à l'étranger dans l'espoir de décrocher rapidement un poste plus stable. Maxime prenait le relais pour les enfants.

Un jour pourtant, tout bascule, Daphné rédige ici une longue lettre à l'attention de sa belle-mère Elise pour lui décrire celui qu'elle pense être un fils parfait. C'est une perche qu'elle tend, un véritable appel au secours, un cri d'amour pour ses filles... car celui qu'elle aimait plus que tout se révèle pourtant être un monstre.

Le temps de réagir, de croire sa fille qui un soir avait tiré la sonnette d'alarme en lui annonçant que le loup venait lorsqu'elle était absente, Maxime va tout mettre en oeuvre pour qu'on ne la croie pas et la faire passer pour hystérique, folle même.

Menegaux décrit à merveille le combat d'une mère contre la justice. Daphné va tout faire pour protéger et récupérer ses filles , pour les sortir des griffes du monstre.


C'est un récit qui se lit d'une seule traite, qui nous parle des failles de la justice, de la manipulation. C'est terrible et pourtant tout démarre d'une histoire vraie !


Mathieu Menegaux trouve les mots justes, le rythme. Il s'agit d'une fiction qui ressemble tant à la réalité. Un sentiment de malaise, d'impuissance s'empare de vous lors de la lecture. Ce roman m'a fait penser à "La maladroite" d'Alexandre Seurat ou encore à "Chanson douce" de Leila Slimani.

J'ai entre-temps lu le dernier "C'est ainsi que jugent les hommes" et je peux affirmer que je suis conquise par la plume de cet auteur.


Alors n'hésitez plus, découvrez vous aussi cette belle plume.


Ma note : 9/10

Les jolies phrases

Les filles seraient fières de leur maman : j'étais persuadée qu'il valait mieux une maman absente mais épanouie qu'une banale mère au foyer qui ne leur donnerait que de l'amour, et pas un exemple à suivre dans la vie.

Dans ce monde de l'immédiateté et de la connexion permanente, il reste impossible de se parler spontanément. Il faut prévoir un créneau.

La loi actuelle, en France, ferme également les yeux sur l'inceste entre adultes consentants : ils peuvent avoir des enfants du moment qu'ils ne se marient pas et que seul un des parents les reconnait. A vomir...

Un violeur, un agresseur, c'est un salaud, une ordure, un pauvre type, un malade ; alors qu'un coupable d'inceste, c'est un monstre, un individu dont la société veut se débarrasser et se protéger. Mais non. Contrairement à beaucoup de pays voisins, il n'y a pas d'inceste en France, notre société refuse d'admettre que cela existe et combien c'est plus grave encore que le viol.

Madame Sémélin, je crois que votre état mental n'est pas compatible avec la garde à vue. Votre mari nous avait prévenus...
Et de trois ! 8 étoiles

Ils s'aiment, ils ont deux petites filles charmantes, des métiers "haut de gamme"... ils forment le couple parfait.
Mais voilà, un jour l'aînée des filles se plaint à sa mère "que papa lui fait des choses". En vient un long débat intérieur : qui croire, le mari si prévenant ou l'enfant qui a une tendance à inventer beaucoup ?
Et puis un jour le doute n'est plus possible, la plus petite des deux filles confesse que lors des bains qu'elle prend avec son père, il se passe aussi des choses. Que se passera-t-il ? La mère réagit violemment sans réflexion se laissant envahir par son émotion. Le mari accusé plus calme, plus malin se fera accusateur !

Après "je me suis tue" et "Est-ce ainsi que les hommes jugent ?", Mathieu Menegaux remet le couvert. Toujours dans la mouvance du simple citoyen noyé dans l'appareil judiciaire, l'auteur maintient un style qui fonctionne. Ses publications remuent le lecteur, se lisent d'une traite et véhiculent des messages politiquement corrects. Il parvient à mettre le doigt là où ça fait mal. Bien joué l'écrivain !

Mais attention voilà trois livres à succès à la chaîne... tous trois finalement assez semblables. La technique d'écriture, la construction de la trame du sujet suivent un schéma directeur similaire. Menegaux pourra-t-il sortir de cette spirale ?
Voilà ma question.

Mais je me fais un peu l'empêcheur de tourner en rond ou le derviche qui veut aller absolument dans l'autre sens, le poseur de questions bêtes ?

Il faut le dire... un bon roman.

Monocle - tournai - 64 ans - 1 mai 2019