La facture de Jonas Karlsson

La facture de Jonas Karlsson
(Fakturan)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Nathafi, le 12 juin 2018 (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 286ème position).
Visites : 3 797 

Un homme heureux

La quarantaine, célibataire, un Suédois reçoit par courrier une facture exorbitante, 5 700 000 couronnes à régler. Convaincu d'une erreur administrative, il se renseigne et apprend que cette somme a été calculée en fonction d'un indice sur le bonheur dont il a bénéficié jusqu'alors. Interloqué, il conteste, mais rien ne peut changer, c'est ainsi, la formule a parlé et il est redevable.

C'est donc un retour en arrière que cet homme va s'imposer. Il cherche dans sa vie routinière ce qui lui est arrivé de si formidable, au point de devoir tant d'argent. Un petit boulot dans un ciné club, quelques connaissances, pas vraiment d'amis au sens réel du terme, plus de famille, il mène une vie tranquille. Passionné de cinéma, il apprécie de regarder tous ces films, s'enquiert du petit détail, ressent de vraies émotions. Peiné d'être seul, il se souvient parfois de Sunita, une fille rencontrée à l'université, repartie en Inde pour vivre sa vie. Mais alors ? Il est où, le bonheur ?
Il rappelle régulièrement Maud, la fille de l'organisme qui suit son dossier, partage avec elle son désarroi, parle de sa vie banale et sans intérêt, et ne trouve pas de solution à son problème. Pas de biens, pas d'économies, rien pour honorer sa dette.

Ce livre semble fait pour nous interpeller sur nos petits bonheurs. Bien que nos vies nous paraissent ordinaires, il faut regarder autour de soi et voir que certains se trouvent moins chanceux... La pauvreté, la maladie, la solitude, toutes ces choses bien difficiles à supporter sont le lot quotidien de nombre de personnes.

Et pourtant notre homme ne comprend pas pourquoi il se trouve tant taxé, son indice du bonheur atteignant un seuil maximal. Il est pourtant un élément qui va faire doubler sa dette, un moment vécu qui semble pouvoir combler une vie toute entière, mais c'est peu dire qu'il ne s'en soit pas rendu compte, et ce constat le laisse amer...

Un roman intéressant qui tente de définir le bonheur, qui incite à réfléchir à nos propres vies, à nos envies, à nos regrets, qui donne des pistes, mais une question demeure. C'est quoi, le bonheur ?

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SI LE BONHEUR N’A PAS DE PRIX… IL A UN COÛT!

6 étoiles

Critique de Septularisen (Luxembourg, Inscrit le 7 août 2004, 56 ans) - 21 février 2023

Le héros du livre est un jeune suédois d’une trentaine d’années, dont nous ne saurons jamais le nom et qui vit dans une grande ville suédoise (Stockholm ?). Il vit seul, dans un petit appartement qu'il loue, ne possède rien, mène une vie très modeste, insignifiante et tranquille. Il n’a qu’une sœur et un neveu qui vivent très loin de lui, occupe un emploi à mi-temps dans un petit vidéoclub, et n’a vraiment qu’un seul ami, connu pour sa radinerie exemplaire : Roger.

Un jour il reçoit une facture de 5.700.000.- couronnes (soit un peu plus de 516.000.- Euros…) d’une mystérieuse organisation, la World Resources Distribution (WRD). Soupçonnant d'abord une erreur, un canular ou une arnaque quelconque, il ne donne pas suite... Après avoir reçu un rappel de paiement d’un organisme de recouvrement de créances, il doit très vite se rendre à l'évidence : c'est bien à lui qu'on demande de régler cette somme énorme. En effet, l'Administration a bien décidé d'une taxe sur... Le bonheur! Or, si frugale que soit l'existence de notre homme, des petits riens suffisent à le réjouir et font de lui, pour ce nouvel impôt, un contribuable de choix! Mais est-il vraiment heureux au point de devoir une telle somme?

Notre héros contacte alors le service «réclamations» et proteste contre le montant absurde et absolument incroyable qu’il doit payer. Il découvre qu’un événement de sa triste vie n’a pas été pris en considération par les algorithmes de la WRD en charge de calculer son «ratio» de bonheur jusque-là. En effet, bien des années avant, il a eu une histoire d’amour avec une jeune fille originaire d’Inde, Sunita. Après une brève, mais très intense relation, celle-ci l’avait abandonné (les «jeun’s» aujourd’hui diraient «jeté comme une me*de»!..), du jour au lendemain pour retourner dans son pays natal et se marier… Bien des années plus tard, notre héros en souffre toujours, la preuve, il n'a plus jamais eu de relation sérieuse et durable depuis lors…

Sauf, qu’après révision de son dossier, ce n’est plus 5.700.000.- couronnes qu’il doit, mais… 10.480.000.- (soit un peu plus de 949.000.- Euros…)!..

Si Jonas KARLSSON (*1971) est surtout connu en Suède comme acteur, dans nos pays c’est surtout l’écrivain qui est célèbre, avec ses livres toujours un peu «borderline», qui ne sont pas sans rappeler ceux du Tchèque Franz KAFKA (1883 – 1924). (1)

Son livre «La Facture» repose sur une excellente idée, à savoir: Taxer le niveau de bonheur des gens! Bon, pour bien lire ce livre, et en profiter, il faut bien sûr oublier très vite ce postulat de base absurde, et son concept un peu alambiqué... Quoi que véritablement proposé par certains économistes jadis... (2). Une fois cela acquis, on a devant soi un très bon livre, certes pas écrit dans un style inoubliable, mais avec une belle histoire, solide et qui tient la route. Si on voit la fin arriver de très très loin, l’auteur nous réserve quand même quelques belles surprises en cours de route et même juste avant d’y arriver à cette même fin! Rien à redire, la trame de fond, l’histoire est vraiment à toute épreuve… Il est vrai que la profondeur psychologique du personnage principal aide vraiment a nous faire passer l’histoire pour très plausible!

Que dire de plus sur ce livre? C’est bien écrit, c’est court (moins de 200 pages), quelques heures de lecture suffisent. C’est un bon livre, ce n’est certainement pas un chef d’œuvre inoubliable, mais un bon livre «Feel good», que l’on prend un certain plaisir (coupable ou non, d'ailleurs...), à lire. On est vraiment touché par l’histoire de cet homme, qui ne demande rien d’autre qu’une vie tranquille et apaisée… Et qui, du jour au lendemain, se retrouve sous les projecteurs de l’administration de son propre pays!..

En conclusion: Je ne sais pas si on doit vraiment se sentir obligés de chercher un quelconque «message subliminal», pendant la lecture de ce livre, comme souvent dit dans les commentaires que l’on peut lire ici et là sur le net? A-t-on vraiment besoin de nous rappeler de profiter de la vie et de ces petits moments de bonheur quotidiens qu’elle nous dispense si parcimonieusement? Je n’en suis pas convaincu. Mais, si un quelconque «début de commencement» d’un doute fait son chemin dans votre tête, en lisant ces lignes… Alors, ce livre est vraiment fait pour… vous!

(1). Cf. ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vauteur/486
(2). Cf entre-autres ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeremy_Bentham et ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pietro_Verri sur Wikipédia.

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