Dans mon Open space - Les Inédits
de James

critiqué par Blue Boy, le 9 juin 2018
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Travailler moins pour rire plus !
La vie en entreprise, ça grise, mais la vie au bureau, c’est chaud. Quand votre patron vous considère comme son esclave et vénère le CAC 40, ça vénère ! Alors pour s’en sortir, il faut trouver comment travailler moins pour gagner plus ! Avec finesse, James dresse un portrait au vitriol de l’entreprise d’aujourd’hui. On rit, parfois jaune, mais on sourit toujours !

L’entreprise qui sert de cadre aux strips hilarants de James apparaîtra familière à beaucoup d’entre nous, de près ou de loin. Dans cette PME du textile à la croissance incertaine, on y trouve une édifiante galerie de personnages bien campés, à commencer par le directeur, Roland, infect avec son personnel mais suffisamment craint pour ne pas avoir à subir les grèves. Une caricature de PDG paternaliste, sachant à la fois jouer la connivence avec ses subalternes mais imperméable à toute demande d’augmentation, « car vous comprenez mon cher Pichon, les charges nous étouffent, et moi, à ce rythme-là, je mets la clé sous la porte dans trois mois », tandis que lui-même se rémunère grassement. Parmi les autres personnages évoluant dans ce microcosme quelque peu routinier, il y a le gratte-papier geignard mais docile, le commercial lymphatique et trop fainéant pour être vraiment vénal, l’autre commercial pur jus, toujours prêt à faire le beau devant son patron, ou encore le DRH désabusé aux ordres du boss.

Ces sketches dotés d’un trait rond et minimaliste sont des inédits de la série « Dans mon open space », dont quatre tomes sont déjà parus depuis 2008. Certes, ce n’est pas une virulente diatribe du système capitaliste, c’est beaucoup plus subtil que ça. On sourit volontiers et on rit aussi. Avec James, tout le monde en prend pour son grade, pas seulement le patron mais aussi ses employés, notamment certains râleurs dont les velléités de rébellion s’épanouissent devant la machine à café pour s’évanouir aussitôt quand le directeur passe par là par hasard. C’est donc un peu de nous-mêmes, avec nos petites lâchetés voire notre servilité face à la hiérarchie que l’auteur épingle ici. On n’est pas forcément fiers, mais qu’est-ce qu’on se marre…