Notre famille
de Akhil Sharma

critiqué par Septularisen, le 10 mai 2018
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
AUTOBIOGRAPHIE INDIENNE
«Notre famille» («Family Life», 2014) commence en 1978. La famille Mishra émigre d’Inde à New York aux Etats-Unis d’Amérique. La famille est composée de Rajinder le père, comptable, qui une fois le visa obtenu a émigré un an auparavant et a trouvé un poste dans l’administration américaine. Shuba la mère, au départ professeur d’économie, puis mère au foyer et très pieuse et Birju le grand frère âgé de douze ans. Nous vivons toute l’histoire avec les yeux du fils cadet Ajay, huit ans, qui est le héros de ce livre et nous raconte son histoire.

En compagnie de Birju, Ajay découvre un tout nouveau pays, son mode de vie, ses mœurs, et parfois les «petits riens» qui étonnent un enfant de cet âge, comme l’ascenseur, le robinet d’eau chaude, les feux tricolores, la neige… Rajinder le père est très ambitieux et veux faire fortune dans son pays d’adoption. Il met tous ses espoirs en Birju, qui est très intelligent et très doué pour les études. Il vient d’ailleurs d’être admis dans la prestigieuse Bronx High School of Science…

Mais, un jour un terrible accident arrive à Birju. Ajay comprend tout de suite que la vie de la petite famille ne sera plus jamais la même…

Même si ce n’est dit nulle part le livre est pour une large part autobiographique. Cela saute directement aux yeux du lecteur, l’histoire du personnage d’Ajay dans le livre et de l’auteur se confondant à s’y méprendre. Le scénario est assez linéaire, puisque nous suivons exclusivement la vie d’Ajay. Il n’y a pas vraiment de rebondissements, et une fois l’accident de Birju arrivé, l’auteur se contente de laisser vivre ses personnages et de les regarder évoluer. Le tout manque de rythme, l’auteur ne peut d’ailleurs éviter certaines longueurs, certaines répétitions. On n’échappe malheureusement pas non plus aux thèmes «marronniers» des livres sur l’émigration : racisme, solitude, indifférence, repli sur soi et sur sa communauté, intégration, difficulté à apprendre la langue du pays d’accueil etc…
Le tout manque donc de souffle, d’ampleur, bien que, je dois l’avouer, jamais ennuyeux.

C’est par contre très bien écrit, très vrai, avec un style et une maturité étonnante pour un deuxième livre. On comprend dès lors pourquoi l’auteur a mis 10 ans à écrire ce livre. C’est facile à lire, les pages se tournent toutes seules - quelques heures suffisent pour finir le livre -, mais d’une écriture dense, bien posée, bien ciselée. L’auteur a une rare propension à parler et faire ressortir les sentiments de ses personnages, dommage qu'il y a quelques non sens temporels, notamment dans les dates, qui gâchent un peu la lecture.

En conclusion, un bon livre pour «faire la connaissance», de cet auteur bien trop méconnu chez nous, et passer un bon moment, mais il ne faut pas en attendre plus non plus…

Rappelons que ce livre a été le lauréat du prestigieux «International IMPAC Dublin Literary Award» (considéré comme le plus important des prix littéraires internationaux après le prix Nobel de Littérature) en 2016.