Le pouvoir des prénoms
de Anne-Laure Sellier

critiqué par Agnesfl, le 1 mai 2018
(Paris - 59 ans)


La note:  étoiles
Le prénom : une partie de nous-mêmes
Anne Laure Sellier membre de l'équipe de recherche franco-israélienne ayant publié l'étude " Nous ressemblons physiquement à nos prénoms : la manifestation des stéréotypes dans le visage", signe un livre sérieux et très documenté. Que l'on croit ou pas
au pouvoir des prénoms, il est intéressant de lire cet ouvrage qui démontre que des études poussées ont été entreprises sur le sujet. Celles-ci sont parfois étonnantes et révèlent l'importance d'être plutôt Jacques que Pierre dans la vie d'une personne. Il est d'ailleurs mentionné que 76% des français pensent que l'on peut avoir une existence différente selon que l'on s'appelle François ou Jean-Marc, Laure ou Marie-Christine. ..
L'auteur explique avec minutie les diverses manières dont le prénom nous sculpte. Après avoir démontré les différentes stratégies des futurs parents (stratégie refuge, stratégie de la différence, stratégie du " On ne sait pas pourquoi mais on a aimé"), elle évoque quelque peu l'historique du prénom. Ainsi apprend-on par exemple pourquoi Vercingétorix s'appelait Vercingétorix.
Puis se succèdent de nombreuses analyses : Le prénom serait loin d'être neutre et pourrait même avoir un impact sur notre vie (choix de la profession, lieu de vie, amis, conjoint, et image que nous avons de nous-même). Ses caractéristiques prédiraient de façon assez précise le niveau de salaire de la personne, son statut social et le niveau d'étude qu'elle va atteindre. Certains prénoms sont associés à des silhouettes arrondies, alors que d'autres sont perçus comme plus anguleux. Important aussi la longueur, les prénoms longs ayant plus de succès et un plus grand sens moral. Il semblerait également que les enseignants notent mieux la copie d'un élève doté d'un prénom conventionnel. Sans compter la discrimination religieuse présente notamment lors d'un recrutement… Et j'en passe et des meilleurs au point même qu'il existe une agence suisse qui depuis 1993 propose aux futurs parents du monde entier de trouver la perle rare des prénoms contre la "modique" somme de 24.OOO euros!
" Nous tendrions à ressembler à notre petit nom, mais à deux conditions déclare Anne Laure Sellier : il faut d'une part qu'un stéréotype lui soit associé et d'autre part que quelque chose nous motive. Nous ne naissons pas Maud ou Lucien, nous le devenons. Avec plus ou moins de difficulté selon que nous l'aimons ou pas."
Selon l'auteur, il n'est pas ridicule d'envisager que dans les années 2040, de plus en plus de personnes porteront un prénom différent de celui mentionné sur leur papier d'identité…
Agnès Figueras-Lenattier