Correspondance, tome 3 : 1874-1881
de Jacques Catteau, Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski

critiqué par Sahkti, le 27 mai 2004
(Genève - 49 ans)


La note:  étoiles
Dostoïevski par le détail
Période féconde que celle recouverte par cette correspondance traduite et inédite, plus de 900 pages racontant Dostoïevski à l’époque des Frères Karamazov ou de l’Adolescent. Fiodor Dostoïevski, idole d’une jeunesse russe en quête d’un certain nihilisme, qui marqua les foules avec, entre autres, son discours à Moscou face à la statue de Pouchkine, qui fut le ciment éphémère de tout un peuple.
La Correspondance de Dostoïevski regorge de richesses, elle est éditée en trois tomes par Bartillat. Le premier présente les lettres de 1832 à 1864, le second de 1865 à 1873 et le dernier de 1874 à 1881, date de la mort de l’auteur. Cette dernière période est peut-être celle qui appelle le plus à la réflexion. Dostoïevski semble ne plus souffrir cruellement du manque d’argent, ses affaires littéraires tournent plutôt bien, sa famille le laisse tranquille, il peut se consacrer à son œuvre comme il aime tant le faire, avec passion et sans retenue.

A souligner la qualité de la traduction de Anne Cofeldy-Faucard et l’excellent travail de Jacques Catteau, qui situe à la perfection l’œuvre dans la vie de Dostoïevski et la vie de l’auteur dans le contexte qui est le sien, le climat révolutionnaire de toute une jeunesse. Grâce aux notes complètes et très intéressantes de Jacques Catteau, la Correspondance de Dostoïevski est décodée, analysée, lancée comme une immense passerelle vers la compréhension de son œuvre, immense et mystérieuse. Des anecdotes, des notes biographiques, des indications culturelles et politiques, des dialogues, des annotations diverses, autant d’éléments qui rendent l’œuvre et son maître vivants, accessibles, qui permettent de comprendre le nihilisme de cette société russe, son mysticisme, son besoin de révolution, ainsi que le rôle joué par Dostoïevski dans l’histoire de son pays.
Travail incontournable à mes yeux pour découvrir et comprendre l’auteur, percevoir avec d’autres yeux l’ensemble de son œuvre.