Le diable de la Tamise
de Annelie Wendeberg

critiqué par Goupilpm, le 12 avril 2018
(La Baronnie - 67 ans)


La note:  étoiles
Dans l'univers de Conan Doyle
Le Docteur Kronberg, épidémiologiste à Londres, reçoit un télégramme de l'inspecteur Gibson de Scotland Yard lui demandant de se rendre à l'usine de traitement des eaux de Hampton où un corps a été découvert car il y a suspicion de choléra.

Arrivé sur place, il découvre en plus de la police un homme qui se présente sous le nom de Holmes. Très rapidement le célèbre détective découvre le secret du docteur. Anna Kronberg est une femme qui déguise sa véritable identité car en cette fin du XIXème siècle les femmes ne peuvent exercer le métier de médecin n'ayant pas accès aux hautes études.

L'autopsie effectuée par le Dr Kronberg fait plus penser à un meurtre qu'à une banale mort due à la maladie.

Dans ce roman policier l'enquête est assez bien réalisée mais ce n'est pas le point crucial du roman . En effet, c'est les relations entre les deux personnages qui sont mis en exergue. Si les échanges verbaux sont savoureux l'on peut toutefois regretter que la solution de l'enquête apparaisse un peu prématurément dans le récit. Les policiers quand à eux ne jouent aucun rôle dans cette histoire, ils ne servent qu'à mettre en avant les deux protagonistes principaux. Et une fois de plus dans leurs présentations on n'échappe malheureusement pas à l'habituel cliché.

La situation de l'époque est rendue de main de main maître. L'auteure, elle même médecin, nous retranscrit à merveille le milieu médical de l'époque et ses avancées.

L'atmosphère et la vie des populations pauvres de Londres collent bien à la thématique principale et permettent de bien s'immiscer dans l'univers qui nous est proposé. De plus la situation d'Anna Kronberg, obligée de se cacher pour exercer son métier appris à l'étranger démontre bien la place de la femme dans une société très conservatrice de l'époque.

Le point fort de ce roman réside dans les personnages. Si l'auteure a su se ré-approprier de fort belle manière le personnage d'Holmes qui vit seul après le mariage de son complice de toujours le Docteur Watson, il n'en est pas tout à fait de même avec le personnage d'Anna. Holmes est toujours aussi froid, distant, supérieur voire à certains moments quelque peu agaçant. Le personnage du Docteur Kronberg est lui aussi intéressant mais pas assez constant. On regrette qu’elle évolue dans son comportement au fil des chapitres perdant de son assurance et de densité plus la lecture avance. Elle n'est plus aussi crédible dans le rôle qu'elle joue.


L'écriture de l'auteure est fluide, la lecture est aisée, et même si la médecine joue un rôle primordial dans l'histoire, il n'y a pas de termes complexes dans l'exercice du sujet.

Au final, un bon roman policier, classique de l'époque dans laquelle il se déroule, bien loin des méthodes d'investigations actuelles, une ambiance victorienne bien rendue, des personnages psychologiquement plutôt bien fouillés malgré quelques petites réserves sur le personnage principal mais qui donnent toutefois l'envie de suivre la suite des aventures d'Anna Kronberg.