Entrez dans la danse
de Jean Teulé

critiqué par Nathavh, le 12 juin 2018
( - 59 ans)


La note:  étoiles
Entrez dans la danse
C'est un fait divers oublié que Jean Teulé a déniché pour s'inspirer de ce nouveau roman.

Cela se passe à Strasbourg le 12 juillet 1518. Une épidémie de danse s'est emparée des habitants de la ville. Une danse folle, jusqu'à l'épuisement, jusqu'à la mort souvent. Hystérie collective ?

Quelle est la raison de ce mal ?

Le monde médical, politique et religieux essaient de comprendre.
Est-ce l'ergot de seigle, le démon ???

Quelqu'un sera-t-il capable d'éradiquer l'épidémie ?

Un peuple malmené par la famine, le froid, les épidémies de peste, choléra, syphilis, une armée turque à l'approche de la ville ..... voilà le contexte !

Enneline vient de jeter son bébé dans la rivière n'ayant plus de quoi le nourrir, elle est rongée par les remords mais est-ce pire que d'autres qui mangent leur enfant faute de mieux ?

Oh c'est noir, sordide mais avec un humour et un vocabulaire pas piqué des vers comme seul Jean Teulé en est capable.

J'avais peut-être trop d'attente, j'avais tant aimé "Le magasin des suicides", j'ai tout de même passé un bon moment.

Ma note : 7/10

Les jolies phrases

Alors pourquoi le clergé de Strasbourg devient-il si riche ? Si c'était un bienfait d'être autant dans l'opulence Jésus n'aurait pas choisi de vivre pauvrement.

Quand je pense qu'il y a quelques années Erasme avait écrit des Strasbourgeois : "La discipline des Romains, la sagesse des Athéniens, la sobriété des Spartiates." Putain, s'il revenait en ville il ferait une drôle de gueule au milieu des agités du cul.

Un pied d'organiste enfonce une pédale. Une stridence déclenche des secousses dans des épaules des paroissiens. Une mélodie s'installe. Les bassins de ceux venus à la messe ondulent. Et allons-y, le cantique. Oui, c'est un flash mob !...
Quelle plume ! 9 étoiles

Avec Teulé, je n'ai jamais été déçue. Ici encore, ce court récit m'a régalée. Cet épisode véridique du moyen-âge m'était inconnu, j'ai appris pas mal de choses. La plume de Teulé est si drôle et cash en même temps, on n'en sort pas indemne. Foncez !

Krys - France-Suisse - - ans - 10 janvier 2024


Excellent 8 étoiles

On lit pour le style, puis on lit pour l'histoire, étonnante, déroutante aussi. On perd parfois un peu le fil et l'on y revient. Jean Teulé nous emmène avec brio et humour dans les rues grouillantes de Strasbourg.

Lady Angel - - 55 ans - 21 septembre 2020


La danse est finie 6 étoiles

Jean Teulé est une valeur sûre des mots : il lui suffit de trouver un thème et hop le texte sort comme la poule pond son œuf.
En juillet 1518 à Strasbourg, le peuple a faim. Une femme alors se met à danser avec frénésie, jusqu'à l'épuisement. D'autres la suivent !
Quatre siècles plus tard (et quelques années) une femme noire refuse de céder sa place à un Blanc et d'aller s'asseoir au fond du bus. Elle s'appelait Rosa Park (Montgoméry - Alabama). Son aïeule, la danseuse, Frau Troffea ( Strasbourg en Alsace - qui faisait alors partie du Saint-Empire romain germanique) est aussi une femme qui se bat avec ses faibles armes.
Et voilà le début des "épidémies". La faim et l'injustice créent des centaines de danseurs qui bougent et intriguent.
La médecine de l'époque s'inquiète et ne trouve aucune explication au phénomène... la réponse nous paraît toute simple mais sommes-nous habilités à juger, nous qui mangeons à notre faim, tapotons sur nos smart-phones, imaginons benoîtement nos enfants (ou petits-enfants) s'amuser le soir alors que le nez bourré de coke ils se trémoussent en sueur sur les pistes des discothèques ?

Voilà l'auteur en piste avec ses mots à lui.
Personnellement je ne suis pas arrivé à entrer dans la danse mais j'ai aimé ces mots qui chantent en chorale.

Monocle - tournai - 64 ans - 30 juin 2019


A lire au 36ième degré (quoique ?) 6 étoiles

En 1518, à Strasbourg, alors que la sécheresse sévit, que la famine fait des ravages et les maladies pullulent, le désespoir pousse les citoyens à des extrêmes tels que noyer son enfant ou même le manger ! Et quelques habitants entrent dans une danse macabre et funeste. Les autorités tentent par tous les moyens de comprendre et d’enrayer le phénomène, mais le mouvement ne fait qu’enfler...
Jean Teulé se plaît à décrire des prélats grotesques, vautrés dans leur luxe, insensibles à la misère, - pire – accentuant les malheurs en prélevant des taxes et les dernières piécettes disponibles pour vendre indulgences, construction de la basilique St-Pierre à Rome, etc. Il force le trait, conjuguant burlesque et poésie macabre, insistant pour souligner de son cynisme habituel l’humour d’une situation qui n’en présente pas. Cependant, l’histoire est un rien courte : si le style vaut à lui tout seul la peine de lire ce livre, l’auteur peine à remplir son texte de contenu.

Pascale Ew. - - 56 ans - 7 avril 2019


ça décoiffe ! 7 étoiles

Quand je commence un livre de Jean Teulé, j’ai toujours une petite appréhension car je navigue en eaux troubles !! J’aime beaucoup cet auteur car il trouve toujours des thèmes qui sortent de l’ordinaire et qui restent historiques et donc avérés. Ensuite le "style Jean Teulé" fait le reste et … il secoue !
Pour ma part je n’ai lu que « le magasin des suicides » et « Charly IX » et malgré le ton Teulé, j’avais beaucoup aimé. Et là encore une fois je suis assez ravie de ma lecture même si quelques fois j'avoue avoir été très mal à l’aise avec certains passages.
Dans ce petit livre assez court de 150 pages, l’auteur relate un évènement assez surprenant de l’histoire de Strasbourg la fameuse danse de 1518 qui amènera les strasbourgeois à danser dans les rues jusqu’à que mort s’ensuive … Cela n’est jamais arrivé deux fois dans l’histoire. L’auteur ne mâche pas ses mots (comme d’habitude !) et je tiens à signaler des scènes de cannibalisme entre autres qui pourraient déranger certains lecteurs.
De plus à l’époque comme encore aujourd’hui on ne trouve aucune explication à ce phénomène de danse … alors Jean Teulé a les mains libres (oups !). Il revient donc sur cette histoire folle et essaye d’imaginer comment cela a bien pu se passer tout en se basant sur un contexte historique. Nous rencontrons entre autres le maire de la ville complètement démuni, l’église et ses représentants qui trop contents de trouver la marque du diable se contentent de proposer des indulgences aux gens et Enneline pauvre mère sans ressource qui sera la première à se lancer dans la danse.
Donc, si vous n’avez pas peur de « l’effet Teulé », je vous conseille « Entrez dans la danse » pour le contexte historique fort et l’humour décapant et décalé de l’auteur. Mais attention, ça décoiffe ! Je mets des liens intéressants pour qui souhaite aller plus loin sur mon blog (présentation du livre sur RTL et Europe 1)

Mandarine - - 52 ans - 10 mars 2019


Ca vous glace le sang .... 9 étoiles

« Une étrange épidémie a eu lieu dernièrement et s’est répandue dans Strasbourg de telle sorte que, dans leur folie, beaucoup se mirent à danser et ne cessèrent jour et nuit, pendant deux mois sans interruption jusqu’à tomber inconscients. Beaucoup sont morts. »
Chronique alsacienne, 1519.

Au début de cet étrange roman, Jean Teulé s’attache tout particulièrement à deux couples dont Melchior ( graveur) et Enneline qui ont noyé leur enfant puisqu’ils n’avaient plus rien à lui donner à manger (même plus le lait d’Enneline). Les trop nombreux « danseurs » sont parqués dans un endroit bien précis de la ville, puis emmenés extra muros où on les tue.

Tout cela vous glace le sang, mais c’est bien le but recherché par Jean Teulé qui en a fait sa spécialité à travers ses remarquables romans.

Extrait :

- ( à propos des indulgences plénières) Trois kreutzers pour une année en moins de purgatoire après votre mort ! Trois kreutzers, seulement. Pour cent florins, quels qu’aient été vos péchés, c’est le paradis direct ! Qui n’achète rien va en chier au moment du Jugement dernier. (…) Le pape Léon X garantit un pardon du Seigneur à ceux qui participeront financièrement à la construction de Saint-Pierre de Rome ! (…) Sans règlement d’indulgence, vous serez enterrés hors des remparts de la ville, dans une terre non bénite et donc votre résurrection sera impossible.

Catinus - Liège - 72 ans - 17 juillet 2018


Entrez dans la danse 7 étoiles

Un peu déçue par ce dernier Teulé, certes l’humour noir y est, les scènes choc aussi (le bébé jeté dans la rivière), les clins d’œil font sourire (« ...et tu danses avec lui, la tête sur son épaule ! »), mais je me suis ennuyée. On est loin effectivement du Magasin des Suicides ou de Darling. J’attends le prochain livre avec impatience...
Ma note: 6/10

Joelabeille - - 68 ans - 17 juin 2018