Algérie 1976, Je Me Souviens
de Bernard Corbel

critiqué par CHALOT, le 1 avril 2018
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Une page d'histoire illustrée
ALGERIE 1976,
Je me souviens
Livre de Bernard Corbel
Les éditions abordables
163 pages
Mars 2018
Une page d’histoire sociale et humaine

Bernard Corbel, jeune ingénieur hydraulicien décide de faire son service militaire, en coopération, en Algérie.
La durée est de 16 mois au lieu de 12, certes, mais le jeu en vaut la chandelle :
Il va découvrir l’Algérie, 13 ans après la guerre qui vit s’affronter les indépendantistes algériens et l’armée française.
C’est à la fois une visite approfondie, des rencontres avec la population locale et à la fois une œuvre utile puisqu’il va former des cadres.
Il exprime tout d’abord son étonnement devant l’attitude des personnes rencontrées qui ne lui parlent pas de la guerre et des souffrances engendrées par ce conflit sanglant.
Il nous fait part aussi de ses interrogations devant la fermeture institutionnelle et l’obscurantisme qui se développe dans une grande partie du territoire avec la séparation des femmes et des hommes et la multiplication du nombre de femmes voilées.
La kabylie est un peu l’exception.
L’auteur n’oublie pas le contexte historique, son récit est ponctué de références à la situation interne et externe, avec le conflit avec le Maroc à propos de l’avenir du Sahara dit espagnol et le référendum pour la charte nationale, véritable corset pour les libertés fondamentales.
Son analyse faite à l’époque où il était en Algérie – analyse tirée du courrier adressée à sa fiancée- est pertinente :
La faible surface agricole utile, 4% du territoire national algérien, constitue « une fragilité car l’Algérie est dépendante de l’extérieur pour son alimentation. Les revenus du pétrole et du gaz y pourvoient, mais qu’en sera-t-il plus tard quand ces ressources seront taries ? »
Le lecteur est invité à découvrir une jeune Nation qui possède des atouts comme la jeunesse de sa population mais aussi des faiblesses tirées en partie de son passé proche de pays colonisé.
C’est un livre passionnant.

Jean-François Chalot