Souterrains
de Romain Baudy

critiqué par Blue Boy, le 31 mars 2018
(Saint-Denis - - ans)


La note:  étoiles
Au fond, on a bonne mine...
A la mine, les conditions de travail difficiles sont exacerbées par l’arrivée des machines, suscitant l’inquiétude des ouvriers qui craignent pour leur emploi. Lors d’une explosion souterraine, un groupe d’hommes va se voir entraîné dans une aventure des plus inattendues dans les entrailles de la Terre, en compagnie du nouveau robot mis au point par les ingénieurs de la compagnie minière.

Si vous aimez être surpris, cette bande dessinée ne devrait pas vous décevoir. Bien sûr, si la couverture fait un peu office de « teaser », le double-genre qui la caractérise laisse une impression pour le moins marquante. L’histoire commence en effet comme un drame social réaliste bien français, avec en toile de fond la grogne des mineurs qui voient d’un mauvais œil la mécanisation des moyens de production, pour bifurquer au bout de quelques pages vers le récit d’aventure fantastique, comme un clin d’œil aux « comic books » évoqués un peu plus tôt par un des mineurs.

Le message délivré est assez clair : dans la mine, en surface comme sous la terre, il y a les maîtres et les esclaves. Pourtant, les maîtres ne sont rien sans les esclaves, des « géants » qui s’ignorent, détenteurs non seulement de la force de travail mais aussi de celle de renverser l’autorité quand celle-ci les méprise et les exploite. Romain Baudy, jeune auteur dont c’est le deuxième album après « Pacifique », réalisé à quatre mains avec Martin Trystram, a ainsi signé le scénario et le dessin de « Souterrains ». Cet ouvrage traduit le perfectionnisme de son auteur, qui n’a négligé aucun aspect. L’histoire est travaillée et fluide, et procure un bon moment de lecture pour peu que l’on ait gardé son âme d’enfant. De même, le dessin dénote une certaine assurance de son auteur, qui nous offre des cadrages spectaculaires, comme si l’on était au cinéma, le tout rehaussé par la mise en couleurs flamboyante d’Albertine Ralenti.

Entre BD jeunesse et manifeste politique, une œuvre que l’on peut qualifier d’originale, et un challenge plutôt réussi si l’on considère que le mélange des genres est un exercice très délicat. Malgré quelques légers bémols, Romain Baudry s’impose incontestablement comme un auteur à suivre.