Les vichysto-résistants
de Bénédicte Vergez-Chaignon

critiqué par Veneziano, le 31 mars 2018
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Le passage troublant d'un idéal à l'autre
Cette catégorie d'acteurs de l'histoire française a été théorisée et ainsi dénommée à partir de la fin des années 1990, alors que le Président de la République vieillissant de l'époque, finissant péniblement son second septennat, état remis en cause, au crépuscule de sa vie et à l'extrême fin de son mandat, pour sa participation au régime de Vichy, au début de l'occupation, avant de rejoindre la Résistance.
Ces personnages sont passés d'un idéal, devenu illusion, à un autre, plus réaliste. Le Maréchal a représenté, à leurs yeux, comme à beaucoup d'autres de Français, comme un bouclier, ce héros national, illustré à Verdun, pouvant fort probablement préserver la population de la volonté de l'occupant autoritaire. Or, il s'est avéré que la Révolution nationale tant promise avait cédé le pas à une collaboration servile, sans réelle prise de conscience, au moins à grande échelle, des effets de la dénonciation des Juifs.
La déception, le désir de sursaut national, sont à l'origine du revirement de ces fameux "Vichysto-Résistants", ce qui passa d'autant inaperçu ou de manière confuse que la Résistance restait très éparse et divisée en factions, la personnalité de De Gaulle restant sujette à controverse, ce dont Giraud espérait tirer profit, notamment. Ce livre dresse donc de manière étendue et précise le portrait-type et l'évolution historique de cette catégorie de la population qui a su incarner le grand changement d'état d'esprit de la population, à la différence près que ces personnes se sont engagées, et ici dans un sens puis dans un autre. Le cas de François Mitterrand est traité en fin d'ouvrage. Ce dernier permet d'y voir plus clair dans un phénomène complexe, au sein d'une époque non moins troublée. Il s'avère donc fort utile.