Le peuple rieur
de Serge Bouchard, Marie-Christine Lévesque

critiqué par Dirlandaise, le 24 mars 2018
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Hommage à mes amis innus
Dans les années soixante-dix, le jeune anthropologue Serge Bouchard effectue plusieurs stages au sein de la communauté innue de Mingan. Passionné par ce peuple fier et courageux dont l’étonnante résilience leur a valu de survivre aux nombreux aléas dus à leur situation fragile face aux envahisseurs européens avides de s’enrichir en exploitant les richesses naturelles comme le bois, les mines et les fourrures. L’apparition des Français fut pour eux le début d’une collaboration fructueuse mais avec le temps, les pactes rompus et les promesses non tenus ont attisé une rancœur et une méfiance jamais éteinte au sein des autochtones. D’alliés, ils ne tardent pas à devenir nuisance pour les compagnies forestières qui demandent au gouvernement de régler le problème. Les réserves font leur apparition de même que les pensionnats destinés à éduquer et « désindianiser » les enfants arrachés de force à leur famille. De plus, les riches américains s’octroient les droits de pêche au saumon privant ainsi les Innus de leur principale source d’alimentation les menant à la misère et la famine. Enfin la liste de toutes les exactions commises envers ce peuple est longue.
Parallèlement à ce récit affligeant, Serge Bouchard raconte les anecdotes parsemant son séjour chez les Innus. Il relate ses rencontres, ses amitiés et surtout sa relation privilégiée avec la communauté.

Ce livre d’une richesse incroyable est un vrai bonheur de lecture. Plusieurs documents photographiques enrichissent le récit et nous font découvrir les visages de ces gens que rien n’a pu anéantir. Leur renaissance fait plaisir et l’auteur nous les rend extrêmement sympathiques et attachants. Les Premières Nations font partie de notre histoire et leur présence témoigne de leur capacité à survivre au génocide culturel savamment orchestré par nos bons gouvernements visant leur assimilation totale dont les plates excuses ne réussirent pas à effacer toute l’horreur et la souffrance infligées à ces gens devenus vulnérables suite à la privation de leur mode de vie ancestral. Honteux !