L'allumeuse de Suzanne Myre

L'allumeuse de Suzanne Myre

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Libris québécis, le 22 mars 2018 (Montréal, Inscrit(e) le 22 novembre 2002, 82 ans)
La note : 7 étoiles
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L'Amour des lampions

L’auteure rend hommage à Montréal-Nord où elle est née. Ceux qui connaissent l’arrondissement s’y reconnaîtront. La paroisse Saint-Vincent-Marie-Strambi et l’école secondaire Calixa-Lavallée s’élèvent entre les rues Pelletier et Balzac d’est en ouest, et les rues Henri-Bourassa et Industriel dans l’axe nord-sud.

Pour Suzanne Myre, ce quadrilatère représente le petit Bronx de New York. La comparaison est abusive, mais il reste que quelques-uns de mes élèves étaient des meurtriers. J’y ai passé ma carrière dans cette école à la réputation scabreuse. Pourtant, à première vue, on croirait qu’il s’agit là de la crème des élèves. Uniforme vert et, pour les filles, une jupe grise. Cette tenue vestimentaire impressionne alors que s’ébranle le cortège des 3000 élèves dans le labyrinthe d’un mille de couloirs. Tous issus de la même classe sociale à l’époque, ils fréquentent les mêmes écoles, et l’église attire encore plusieurs fidèles à la messe pour le plus grand bonheur du bedeau, dont la main baladeuse s’active auprès des fillettes pieuses qui allument des lampions.

Le recueil de nouvelles n’emprunte pas au monde étriqué des riches ou des déjantés. C’est le bon monde ordinaire qui occupe toute la place au cours des 205 pages. La bonne mère de famille souhaite que sa fille gagne le concours de beauté auquel elle participe, la tante généreuse emmène sa nièce en vacances. Tous les personnages féminins, des êtres vifs, cherchent le bien de tous et de chacun et même du chat. Les femmes sont les protectrices des enfants menacés de toute part d’abandon, de violence ou d’abus sexuel. Les hommes semblent plus aptes à casser des tasses sur le mur que de castrer leur instinct sauvage. Mais en décapant la couche rugueuse de leur personnalité, on se rend compte que le matamore au cigare n’est pas si fort. Il a même le cancer. Et le cimetière du Sault-au-Récollet, pas très loin, offre l’ombre de ses érables séculaires.

Les femmes ne cherchent qu’à être heureuses. On n’en demande pas gros au bon Dieu : se sentir aimer dans le regard de l’autre. Et comme on n’y arrive pas, on se réfugie à la bibliothèque de la rue Charleroi. Au moins, la lecture peut être un outil qui aplanit le chemin vers l’écriture.

Ce recueil ne vogue pas toutes voiles dehors. Son circuit ressemble à une piste de course tracée entre quatre rues de l’arrondissement de Montréal-Nord. Et ça roule, voire ça déboule à toute vitesse. Malheureusement, la plume pas très légère de l’auteure ralentit quelque peu les bolides.

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