Les Continents
de Hervé Bougel

critiqué par Débézed, le 20 mars 2018
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Cliqueticlac
Ce recueil de dix-sept poèmes comme autant de voyages en train à travers la France et la Belgique mais surtout à travers la mémoire de l’auteur comme le suggère le rédacteur de l’avant-propos, Jean-Louis Jacquier-Roux, : « il voyage plus à son aise dans ses rêves, dans ses souvenirs et dans le vif de ses pensées qu’au gré de la réalité banale d’un Paris-Lyon à quinze euros… », évoque pour moi une célèbre comptine que nous chantions à nos enfants quand ils étaient tout petits. Les vers d’Hervé Bougel ne comportent que quelques pieds : trois, quatre, cinq, six, rarement plus, ils rythment les poèmes comme les « cliqueticlac » scandaient la comptine qui est remontée à ma mémoire :

Cliqueticlac
« J’ai parcouru
Les continents
Ce train avance
Dans un clair obscur
Dépassé
Outrepassé
…. »
Cliqueticlac

Ainsi, en l’espace d’une année, du 20 juillet au 24 juillet de l’année suivante, je suppose car rien de l’indique, le poète a parcouru de long en large, en travers, en grande vitesse, en petite vitesse au gré des trains qu’il pouvait emprunter, la France profonde et la Belgique tout aussi provinciale, la campagne aux noms chantants qui donnaient un peu de musique à nos cours de géographie. Son voyage commence à Najac/Laguépie et le ramène à cette même gare après avoir visité Namur et Charleroi, Voiron et Grenoble et bien d‘autres gares au nom fleuris. Le poète se régale de ses noms qui chantent, donnant de la couleur à son voyage.

« Je désire traverser
La province
La belle jaune
Meuse
A jamais
Endormeuse
Puis
Namen
Ottignies
Et Gembloux
… »

Où il peut saluer un autre poète :

« Sur les doutes
Et les espérances
De William
Cliff l’ancien
Jeune homme
Traînant
… »

Mais le voyage ce n’est pas que les gares, c’est aussi les paysages qui défilent, les passagers qui se pressent, un spectacle permanent qui s’offre au regard.

« Je ne vois plus
Ni le ciel
Ni l’avenir
Maisons de terre
Tordues
Tours de Pise/pisé
Ici au long
Des voies
La vie est si vite
Epuisée
… »

Ainsi, au rythme d’une comptine, le poète nous fait visiter les dix-sept continents de son recueil, comme autant d’expéditions ferroviaires, laissant défiler les images, sans que nous ne bougions même le plus petit de nos orteils.