Amoureuse de Eva Kavian, Georges Van Hevel (Dessin)

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Débézed, le 16 mars 2018 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 76 ans)
La note : 9 étoiles
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Amour ... Amours

Eva Kavian, je ne connaissais même pas son nom et encore moins ses textes mais elle était là sur le stand de son éditeur dont j’ai déjà dévoré tellement de recueils, alors j’ai acheté le sien pour voir et j’ai eu le coup de foudre. J’ai entendu ses mots qu’elle écoute comme les bulles qui pétillent dans ses veines : « … Eva écoute les bulles pétiller dans ses veines en chantant des poèmes qui disent je vous aime à un homme qui a des cheveux blancs et des belles mains brunes ». Comment ne pas sombrer devant de telles confidences ?

J’ai lu ce recueil comme une grande histoire d’amour impossible, un amour absolu, un amour non partagé, on ne sait pas, mais un amour qui se disperse, se répand, se dilue, … pour ne pas mourir, pour vivre encore même si c’est ailleurs. « Je laisse leur corps réchauffer ma vie glacée de ces mois sans toi. Je les laisse m’aimer, pour que tu sois libre. Parce que mon amour est trop grand, je le distribue, je l’offre aux passants, à ceux qui restent quand tu t’en vas ». Ces amours d’un jour qui n’en sont qu’un qui ne peut pas s’exprimer, sont tellement insignifiants : « Croisé X., ce matin. Je ne suis plus très sûre de son prénom. Je me souviens qu’il avait gardé ses chaussettes ». Et quel raccourci qu’on peut interpréter comme on le ressent.

La souffrance est à fleur de vers mais la poétesse jamais ne se lamente, elle rit, elle chante, elle aime à tout va, elle l’écrit en ce recueil, c’est beau, c’est doux, c’est pétillant, c’es mélancolique, c’est gai, c’est triste, c’est de l’a poésie en prose, c’est de l’amour en prose. Ça chante comme une comptine c’est joyeux comme une comptine, qui répète et scande toujours les mêmes mots pour rire et sourire, pour être heureux mais il y a caché sous cette guillerette chansonnette des mots lourds qui reviennent trop souvent : « attente », « départ », « larmes » …

Ce recueil prend une dimension encore plus séduisante grâce aux très belles illustrations de Georges Van Hevel, elles lui donnent un relief et une consistance plus concrets en matérialisant les débordements d’amour et d’émotion de la poésie sensuelle, charnelle, coquine, taquine …mélancolique dont Eva inonde ses pages au risque d’emporter le lecteur sous ce flot impétueux : Amour en cours, amour qui court, amour au secours, amour discours, amour toujours, amour trop court, amour, amours, toujours, toujours, trop court, trop courts, amours qui rient, amour en larmes, attente, attente trop souvent, départ encore, encore et encore.

Et, pour répondre à cette si belle question que tous les vieux lecteurs rêvent d’entendre un jour :

« Monsieur,
que feriez-vous
de mon envie d’une nuit
dans vos bras
et de mes mains
dans vos cheveux blancs
et vos écorchures vives ? »

Eva, évidemment, je reprendrais tes mots « il n’y a pas de petit amour ». Et on ne peut que dire à l’auteur qu’on les aime … ses mots, qu’ils nous emportent comme le grand amour qu’elle n’arrive pas à vivre (ça c’est l’histoire que je me suis racontée en lisant ce recueil que j’ai tellement aimé).

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