Mémoires : Fils de la nation
de Jean-Marie Le Pen

critiqué par Hexagone, le 14 mars 2018
( - 53 ans)


La note:  étoiles
Tout un pan de notre histoire
Depuis le temps que l'on en parlait je commençai à croire que ce serait comme l'Arlésienne ou le monstre du Loch Ness, une rumeur savamment orchestrée. Un mirage médiatique.
Enfin les voilà.
Pas encore sur les étagères des libraires mais que déjà la première édition de 50 000 exemplaires est en rupture. Au gand dam de la piètre Mme Angot qui s'en est offusquée. Cela doit la faire rager, elle aimerait certainement avoir le même tirage pour ses livres insipides .
L'Immonde, journal de référence avait même fait un article stipulant qu'elles auraient peut de succès, les électeurs FN étant des illétrés, abrutis, alcooliques et incultes.
Comme si d'ailleurs il n'ya que les électeurs du FN qui vont les lire !
Paf ! Une claque pour l'Immonde, ( journal dit de référence), qui n'en est pas à sa première ineptie.
JMLP étant, indubitablement, un des hommes politiques majeurs de notre histoire depuis ces 50 dernières années.
Donc, à peine sorties, elles ont déjà fait voir rouge aux germano-pratins, qui observent le monde depuis la terrase du Flore et dispensent leur doxa boboiste via les canaux télévisés subventionnés.
Ok, et donc ?
Du bon, du très bon et un peu de déception pour ce premier tomes de mémoires qui en comprendront deux.
JMLP nous retrace l'histoire de sa vie, de la vie qu'il a choisi de nous raconter comme un papi se sachant dans la dernière ligne droite d'une existence bien remplie.
Sur le style il n'y a rien à redire, le monsieur étant très cultivé, très littéraire et sachant manier la langue de Molière avec art et élégance. Il l'a assez démontré au cours de ses discours ou interventions.
Ses mémoires commencent dont au début de sa vie, Son enfance bretonne où il relate sa condition très modeste. Il a grandi dans une petite maison bretonne, les pièces étant de terre-battue, sans électricité qu'il verra venir au fil du temps et de la modernisation de nos campagnes.
Son instruction chez les jésuites puis dans un collège publique.
Sa jeunesse à PARIS en fac de droit, ses mandats de président de corpo, ses petits boulots comme marin-pêcheur, mineur, cela le marquera grandement et lui donnera toujours du respect à l'égard des travailleurs.
Sa vie militaire occupe une grande partie de ces mémoires, l'Indochine où il a participé au dernier mois de Dien-Bien-Phu, son retour en France. Sa volonté de partir en Algérie alors qu'il était député, le plus jeune de l'assemblée. Ce qui est une spécialité des LE PEN car Marion fut elle aussi la plus jeune députée.
L'Algérie, cette guerre qui a fait couler beaucoup trop d'encre, JMLP en a à nous dire, il y a du ressentiment chez cet homme à l'égard des injustices qui s'y sont déroulées. Les trahisons il y en a eu, il n'épargne pas DE GAULLE à ce sujet.
De Gaulle qu'il a rencontré à deux reprises, enfant à Auray puis en tant que Député.
Le moins que l'on puisse dire c'est que l'homme est peu apprécié par JMLP.
Sa gestion de l'après-guerre, celle de l'Algérie et de sa fin de pouvoir sont selon l'auteur largement contestable, c'est son point de vue.
Il est vrai que JMLP redore le blason de PETAIN qu'il tient en haute estime.
A-t-il tort ?
PETAIN ne fut que l'arbre qui cache la forêt de ceux qui étaient bien ravis de trouver un fusible, mais ne polémiquons pas, il s'agit d'une autre pan de notre histoire.
L'Algérie a beaucoup marqué JMLP, s'est une période qui semble l'habiter, c'est ce que j'ai ressenti.
Sa campagne pour Poujade, puis Tixier-Vignancourt.
JMLP pense que c'est l'échec de l 'avocat qui a compromis la droite, la vraie, dans sa capacité à réunir les français. C'est une réflexion intéressante.
Puis la création de la SERP, qui lui a permis de faire bouillir la marmitte.
Il est amusant de voir que les médias ont focalisé sur l'édition d'un chant du troisième Reich alors qu'il a édité des chants anarchistes, communistes, indochinois, etc.
Il évoque très peu sa vie de famille, maritale, paternelle, peut-être cela sera-t-il fait dans le second tome.
Il fait un peu part de sa vie civile, de ses amis, quasiment pas de ses hobbies.
Il consacre beaucoup de lignes au communisme qui est en réalité son véritable ennemi.
Il évoque des amis comme Tabarly, Kerzauzon qui a mis ses distances avec JMLP. Il faut bien assurer sa carrière.
Des politiques, quelques personnes du showbiz, et encore je pense qu'il n' a pas tout dit. Les avocats ont dû se pencher sur les épreuves et corriger certaines choses.
Ce tome s'achève au moment de la création du FN, nous verrons la suite plus tard.
A la lecture de ces mémoires que penser de cet homme ?
Bien sûr je ne suis pas objectif, mais je vais essayer de l'être.
A mon avis JMLP s'est laissé embarqué dans un train médiatique qu'il n'a plus su diriger par la suite et qu'ils 'est laissé déborder.
Car l'homme n'est pas un mauvais bougre. Il y a l'homme qu'il est et l'homme que les médias ont présenté. Il sont différents et en désaccord.
Car qui sait que JMLP durant la guerre d'Algérie a enterré de son propre chef des musulmans conformément aux rites de cette religion, recevant de la part des dignitaires mahométans des remerciements pour cet acte digne d'un guerrier qui respecte ses adversaires jusque dans la mort.
Qu'il a entretenu une relation avec , c'est important de le dire car cela n'a jamais été fait, avec une femme juive. Cela pourrait être anecdotique mais c'est utile de le dire bien qu'il reste très discret sur cette personne et leur relation.
JMLP aurait pu avoir un autre destin, s'il ne s'était pas laissé manipuler par d'une part les médias et d'autre part sa nature profonde. Nature qui est rebelle, aimant la provocation. A De Gaulle qui lui dit " Je vous connais M. LE PEN", il répond " Moi aussi je vous connais".
C'est la nature de ces gens entiers, sanguins, qui savent à un moment qu'il vont trop loin mais se laisse emporter par les émotions. JMLP ne pouvait pas ignorer le mode de fonctionnement des médias, il aurait dû s'en prémunir. Peut-être n'avait-il que ce moyen pour exister publiquement. C'était le buzz avant les réseaux sociaux.
Un premier tome convaincant mais qui , à mon goût, donne trop d'importance aux trois guerres qui ont émaillé la vie de JMLP.
Ce sont les mémoires d'un homme, d'une époque que nous ne pouvons pas appréhender au temps de la paix, de l'hédonisme, de l'égocentrisme.
Il faudra attendre la parution du deuxième tome pour se faire une idée sur sa vie, ses combats, ses convictions et son bilan.
Un livre que je conseille même à ceux qui déteste l'homme, son oeuvre. Les 450 pages se lisent d'une traite, il n'y a pas de redondance, de longueurs, c'est maîtrisé.
A lire pour se remémorer un pan de notre histoire nationale que l'on méconnaît ou ignore et surtout mieux connaître l'histoire du Menhir.