Cirque mort
de Gilles Sebhan

critiqué par Killing79, le 23 février 2018
(Chamalieres - 44 ans)


La note:  étoiles
Labyrinthe noir
Présentation de l'éditeur
Est-ce que Théo est avec toi ? Pour le lieutenant Dapper, le malheur a commencé avec ces mots-là, ce jeudi noir où sa femme l'a appelé parce que leur fils n'était pas rentré à la maison, après la classe. Il enquêtait alors sur la disparition de deux garçons. Peu de temps avant, un événement avait horrifié les habitants de la petite ville : tous les animaux d'un cirque installé pour Noël avaient été décimés à la hache. Depuis que Théo n'est pas rentré, depuis tout un hiver, Dapper, dessaisi de l'enquête, ne parvient pas à se résigner. Parce qu'un enfant disparu n'est jamais un enfant mort. Alors, puisqu'il n'a rien d'autre, il décide de suivre la piste que lui offre une lettre anonyme. Elle mène au centre hospitalier où sont accueillis de jeunes psychotiques. Dans ce lieu étrange, un adolescent, Ilyas, prétend avoir été l'ami de Théo. Dapper reprend espoir, puis comprend qu'il ne savait pas tout de son fils. Et comment en parler à sa femme, dire : J'ai rencontré un garçon qui a des visions et j'ai foi en lui ? Dans ce roman singulier et oppressant, Gilles Sebhan nous emporte sur les pas d'un homme dont peu à peu l'enveloppe se déchire. Dapper est prêt à tout pour retrouver son enfant, y compris à ne plus incarner la raison et la loi comme il a accepté de le faire quinze ans durant.


Mon avis: Le roman est court mais on entre de suite dans l’action, sans préliminaires. Cela débute comme une enquête sur une disparition des plus classiques, puis on dérive rapidement sur du fantastique, on passe par du thriller psychologique et aussi du roman noir. Les sentiments de lecture évoluent au fil du livre parce que le récit alterne constamment entre ces différents genres. On ne sait jamais sur quel pied danser. Seul point commun : La noirceur, qui traverse le récit et que l’on retrouve en permanence. Tel un brouillard sombre, elle recouvre les évènements pour oppresser le lecteur. L’ambiance est anxiogène et à chaque page, on recherche de l’air. En nous secouant entre réel et fiction, entre drame et folie, l’auteur nous entraîne dans les chemins sombres de façon à mieux nous déboussoler.

Les personnages sont très peu détaillés mais marquants. L’écriture de Gilles Sebhan est exigeante. Par conséquent, je ne conseille pas ce livre pour la plage ou les transports en commun. Je pense qu’il faut être concentré et se livrer entièrement à sa lecture pour entrer dans la bulle. Afin d’apprécier cette expérience, il ne faut pas non plus craindre les scènes macabres et les actes morbides. On croise dans ce livre des meurtres et des enlèvements d’enfants, des massacres d’animaux, autant dire qu’il n’est pas recommandé aux âmes sensibles.

Emporté par l’histoire, on veut connaître la fin, même si on ne sait pas trop où l’auteur veut nous mener, tant les pistes se brouillent progressivement. Je me suis laissé déstabiliser de bon cœur par Gilles Sebhan et son enquête malsaine. Comme les personnages, je me suis un peu perdu parfois, mais le plaisir de lecture a toujours été au rendez-vous. Ce « Cirque mort » est un petit OLNI (Objet Littéraire Non Identifié) à découvrir !