Malik Ambar
de Éliane de Latour

critiqué par Fanou03, le 21 février 2018
(* - 48 ans)


La note:  étoiles
Un africain en Inde
A la fin du seizième siècle, Malik Ambar, capturé en Abyssinie par des marchands arabes alors qu’il était adolescent, est revendu comme esclave au premier ministre du royaume d’Ahmednagar, un des sultanat du Deccan, en Inde. Son intelligence, son charisme et son caractère l’emmèneront aux plus hauts sommets politiques et feront de lui pour un temps le défenseur du Deccan face à la menace de l’empire Moghol.

A partir de ce personnage historique au destin assez extraordinaire, dont la vie n'a été reconstitué que partiellement, Éliane de Latour avait beaucoup d’atouts en main pour construire un récit épique et trépidant. C’est donc bien dommage qu’elle n’ait pas réussi complètement,à mon avis, à exploiter tout le potentiel de ce sujet.

Il faut dire que l’écriture du roman ne m’a pas emballé, pour plusieurs raisons. L’utilisation du présent de l’indicatif, sans que je m’explique pourquoi, ne m’a pas paru ici très agréable. Les descriptions de l’Inde, quoique bien présentes, m’ont semblé un peu légères, décevantes, voire fades. Et surtout j’ai eu l’impression que tout allait trop vite, à la fois dans les grandes étapes de la vie de Malik Ambar, voire même à l’intérieur de certaines péripéties, à commencer par son enlèvement, ou sa capture par le général en chef de l’armée moghole. Tout cela m’a emmené au paradoxe, moi qui suis pourtant friand de romans historiques en tout genre, à ne pas eu avoir tellement de plaisir à lire celui-là.

En attendant le livre a eu le mérite de me faire découvrir une géographie et une histoire passionnante que je ne connaissais pour ainsi dire pas : l’Inde à la fin du seizième siècle, la résistance des sultanats du Deccan face à l’immense et puissant empire Moghol venu des steppes, la brillance de ces civilisations musulmanes, la mainmise rampante des étrangers (portugais d’abord puis très vite surtout les anglais). Époque riche en manœuvres politiques s’il en est, et pays au croisement de multiples civilisations et influences ! Dans ce creuset musulman, l’autrice nous montre que paradoxalement un homme noir africain était capable de se hisser au plus haut, parvenant à s’extraire de sa condition d’esclave, chose qui aurait été sans doute inimaginable en Europe au même moment.

Peut-être aurait-il mieux valu qu’Éliane de Latour consacre une biographie à ce personnage plutôt qu'une œuvre romancé : à ce titre la préface de Jean-Christophe Ruffin, l’épilogue et la postface de l’autrice sont très instructive et aiguisent définitivement la curiosité sur ce moment de l’histoire mondiale.