L'année du certif de Michel Jeury

L'année du certif de Michel Jeury

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Fanou03, le 21 février 2018 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 48 ans)
La note : 6 étoiles
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Des problèmes de robinets et de baignoires

De Michel Jeury j’étais plutôt a priori appelé à lire, en première approche, ses œuvres d’anticipation, mes goûts penchants naturellement vers la science-fiction, bien plus que ses « romans du terroir ». Le hasard aura voulu finalement que je découvre cet auteur d’abord à travers l’Année du certif, aux accents éminemment ruraux, mais je ne le regrette pas le moins du monde.

Tout fleure bon dans L’année du certif une certaine époque, celle des années d’avant la seconde guerre mondiale, celle où le certificat d’étude était un aboutissement scolaire, voire donnait lieu à une compétition féroce pour décrocher les premiers prix : c’est ici un peu le cas puisque Paul Fontanes, instituteur de Saint-André-la-Vallée, un bourg cévenol, va tout faire pour que ses élèves obtiennent le précieux sésame. L'un d'entre eux doit faire mieux encore : il s’agit d’Antoine, le propre fils de Paul, pour lequel l’instituteur rêve qu’il emporte la première place cantonale.

Point de nostalgie compassée cependant dans L’année du certif, pas de « c’était mieux avant », grâce à des personnages hauts en couleur qui enlèvent toute morale empesée ou toute gravité à cette recherche du Graal scolaire : l’insouciance de René, le petite frère d’Antoine, la sage bienveillance de Georges, le grand-père inspecteur d’académie atypique et poète, qui va jusqu'à affirmer que « les examens sont une chose ridicule », l’obstination burlesque de Paul, les débats sans fin avec sa collègue du village d'à côté sur la limite géographique des Cévennes... On sent Michel Jeury passionné par le sujet : le livre est émaillé d’extraits de manuels scolaires de l’époque, sans oublier les fameux exercices de mathématiques de robinets et de baignoires, ou de trains qui se croisent (heureusement les solutions sont proposées à la fin du livre !), ou encore les leçons de morale. Il sait peindre aussi bien la distance parfois amusée des enfants face à cet enseignement et pourtant l’importance « initiatique » que prend pour eux ce mythique certificat d’étude.

Peut-on finalement dire qu’il s’agit vraiment d’un « roman du terroir » ? La terre des Cévennes, la vie des habitants des villages, le contexte rural, bien que présents bien sûr, me semble, volontairement peut-être, tout juste esquissés par l’auteur. C’est bien l’école, ses valeurs, ses contradictions aussi, ses questionnements que Michel Jeury rend parfois moderne (voir le paragraphe où Georges se demande comment faire aimer la lecture à des enfants qui lisent peu, sujet d’actualité s’il en faut !) qui est mise en avant. Le ton vivant et enjoué du récit, qui n’oublie pas cependant d’évoquer les épreuves de la vie et leurs émotions, fait de L’année du certif une lecture fort agréable, malgré une conclusion que j’ai trouvée un cran en dessous du reste.

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