Ainsi parle le Saigneur
de Claude Forand

critiqué par Libris québécis, le 19 février 2018
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Impudique point ne sera
Dans Le Cri du chat, un notable est assassiné à Chesterville, près de Victoriaville. En 2006, l’auteur est revenu dans ce village en confiant une seconde enquête à son sergent fétiche, Roméo Dubuc. Ce dernier a appris de son lit d’hôpital que l’on a découvert le corps de deux jeunes asphyxiés dans une auto incendiée, témoin silencieux de leurs ébats « honteux », comme on disait jadis.

Le double assassinat est signalé à la police par le biais d’une note signée de la main même du meurtrier. Agissant au nom du Seigneur, il prévient la Sûreté du Québec par un calembour qu’« ainsi parle le Saigneur ». Le bras vengeur de Dieu passe de nouveau à l’action peu de temps après. Cette fois-ci, il procède à la décapitation d’un pédophile à l’instar de celle de saint Jean-Baptiste. Le cinquième commandement de Dieu – Homicide point ne seras – n’a pas d’écho chez ce saint justicier malsain, qui n’a retenu que le sixième : « Impudique point ne seras.» Unilatéralement, il s’est accordé le droit de recourir à la peine de mort pour châtier ceux qui se vautrent dans les plaisirs de la chair. Le tueur en série est un psychopathe qui sait investir le lieu du crime sans laisser d’indices. Le sergent Dubuc n’est pas au bout de ses peines avec cette enquête, qui l’oblige à croiser le fer avec un fanatique religieux.

L’auteur a concocté une excellente recette avec des ingrédients traditionnels. Il n’innove pas le genre, mais c’est réussi en « sac à farine », dirait le policier vedette du polar aux prises avec la déviance religieuse.