La musique est un tout
de Daniel Barenboim

critiqué par Falgo, le 17 février 2018
(Lentilly - 84 ans)


La note:  étoiles
Au coeur de la musique classique
Dans la ligne de ses livres précédents, Barenboim revient sur ce qui emplit sa vie de pianiste et chef d'orchestre. La musique d'abord dont il analyse en expert la composition et l'interprétation, rappelant q'une oeuvre est un tout organique fondé sur le contrepoint, que l'interprétation doit faire apparaître - c'est son éthique - à la suite d'un travail intense sur la partition conduisant à une compréhension de l'essence des choses (rappel de Spinoza). Dans certains textes et au cours d'entretiens, il livre sa profonde connaissance de Bizet (Carmen), Wagner (La Walkyrie), Mozart (Don Giovanni) et Verdi comme sa communauté d'esprit avec le baryton Dietrich Fischer-Dieskau et le chef Wilhelm Furtwängler. En outre il indique en quoi et comment la musique classique devrait inspirer la vie politique, en ouvrant très largement son discours sur Willy Brandt, Israël, Gaza et la Palestine et sa création, le West-Eastern Divan Orchestra, rassemblement de musiciens arabes, israéliens et européens. Le tout est d'une admirable clarté, d'une grande élévation d'esprit et d'une profonde réflexion, ce qui amène le lecteur à se poser d'innombrables questions.
Commentaire personnel: je ne sais si ce propos a sa place ici, mais pourquoi pas. Cette lecture me renvoie à une préoccupation constante que je trouve éclairée par une réflexion de Clara Haskil. Cette immense pianiste, juive roumaine, s'est finalement résolue en 1952 à jouer Mozart en Allemagne et elle écrit ensuite: "Comment ce public si sensible, qui comprend si bien Mozart, peut être fait de ces mêmes individus qui ont commis tant d'atrocités?". Ceci me ramène à la question que me pose la culture. Ses tenants, et Barenboim en est un éclatant exemple, avancent toujours qu'elle est la seule capable de pacifier le monde. Or cela fait des milliers d'années que le monde repose sur d'innombrables séquences de violences indescriptibles. Et je finis par me demander si les parangons de la culture, qui en vivent au sens de Pierre Bourdieu, ne sont pas pris à leur propre piège: défendre la culture c'est justifier leur existence et cela constitue une fin en soi. Comme les professeurs de latin défendent la place du latin dans l'enseignement. Où est la vérité?