Robert Sax T03. Villa Borg
de Rodolphe (Scénario), Louis Alloing (Dessin)

critiqué par Shelton, le 15 février 2018
(Chalon-sur-Saône - 67 ans)


La note:  étoiles
Bel exemple de bande dessinée "ligne claire"
J’ai toujours eu un faible pour cette bande dessinée que l’on classe, parfois un peu rapidement, dans le grand vrac de la Ligne claire… D’ailleurs, qu’est-ce que la ligne claire ? Un défaut ? Une menace ? Un art naïf ?

Avant de donner mon strict point de vue, faisons une petite escale dans les théories officielles et universitaires puisque maintenant la bande dessinée est aussi étudiée et scrutée par des étudiants, des enseignants, des chercheurs…

La ligne claire est une expression que l’on doit à Joost Swarte. Ce Néerlandais est un auteur de bandes dessinées. Il n’est pas très lu en France mais je me souviens bien de sa série chez Casterman, Coton et Piston.

En utilisant cette expression en 1977, il voulait parler d’une bande dessinée où le dessin était réduit en quelque sorte à ce qui servait la narration. Alors, bien sûr, c’est un peu court comme définition et il faut aller écouter Hergé pour mieux comprendre car le modèle, la référence, c’est Hergé le créateur de Tintin…

On pourrait dire que la ligne claire est avant tout un dessin narratif figé par des conventions. Chaque dessin est passé à l’encre, avec une taille de trait constant, avec des couleurs en aplats, sans ombre. Les décors sont réalistes, les personnages n’ont pas d’ombre, les dessins ne sortent pas des cases… Tout ce qui est dessiné apporte des éléments au scénario qui est roi mais rien est ajouté ce qui risquerait de perdre le lecteur…

Chez Hergé lui-même, on trouve des dysfonctionnements de cette ligne claire mais certains albums sont remarquables, du moins sous cet angle. Je pense surtout à l’Affaire Tournesol et aux Bijoux de la Castafiore.

Dans les auteurs, ils sont nombreux à avoir emprunté ce chemin de la ligne claire même si chacun se la réapproprie à sa façon, à sa main, à son récit… On ne va pas tous les citer mais on peut penser à Jacobs, Willy Vantersteen, Bob de Moor, Jacques Martin, Jacques Juillard, Ted Benoît, Yves Challand, Floc’h…

Cette semaine, en recevant le tome 3 de la série Robert Sax, Villa Borg, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à la ligne claire et à Floc’h en particulier. Il faut dire que le dessin en haut de la page 23, dans le salon quand « Sale-Gueule » sert le thé, est une image digne de Floc’h et je trouve normal que les auteurs de cette série aient repris cette image pour la livrer au lecteur dès l’ouverture de l’album…

Les auteurs ? Oui, il s’agit de Rodolphe pour le scénario, Louis Alloing pour le dessin et Pascale Drac pour les couleurs… On comprend très vite et Rodolphe l’avoue sans détour lors des interviews, cette série est bien un hommage à la bande dessinée franco-belge classique des années passées… On retrouve facilement le genre des albums que l’on a lu dans nos enfances entre 1950 et 1970… Il y a un peu de l’Affaire Tournesol, de la Marque jaune, de la Grande Menace, du Rendez-vous de Sevenoacks… Et c’est bien ce qui m’a enchanté !

Alors, pour ceux qui ne connaissent pas la série Robert Sax, offrons quelques éléments. Nous sommes à la fin des années cinquante, en pleine Guerre froide. Nous sommes en Belgique et Robert Sax est garagiste, enfin, plus exactement, il s’occupe d’un garage ce qui lui donne de grandes libertés car il n’est pas obligé de réparer lui-même les voitures des clients… Robert va donc régulièrement être mêlé à des affaires pas très claires qui naviguent entre espionnage et faits divers… Et cette fois-ci, il est question d’uranium…

Alors, oui ce sera trop classique pour certains, le scénario trop typé et l’ensemble cousu de fil blanc… Mais pour moi c’est le plaisir de retrouver des histoires comme j’en ai lu autrefois et dessinées par des artistes qui évoquent ceux qui ont disparu aujourd’hui et que j’aimais beaucoup…

Alors, pour ceux qui me ressemblent, je vous souhaite une excellente lecture !