L'État hitlérien
de Martin Broszat

critiqué par Veneziano, le 9 février 2018
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
L'analyse d'un système totalitaire
La doute démocratique de l'Allemagne des années 1930 ne découle pas, en tout cas pas seulement, d'un phénomène d'hystérie collective. L'humiliation du traitement du pays vaincu au lendemain de la Grande guerre, la crise économique, la lassitude inspirée de la capacité à agir des partis traditionnels, leur croyance dans la possibilité de manipuler Hitler, l'analyse stratégique fine ayant permis ce dernier à conquérir une majorité de suffrages, son jeu des frustrations nationales par une volonté de sursaut nationale, une flatterie des heures glorieuses à reconquérir et la présentation d'une série de boucs-émissaires à éliminer, Juifs, Tziganes et communistes, ont constitué un cocktail séduisant aux yeux d'une population désemparée en quête d'un honneur perdu.
La renonciation aux éléments du système démocratique s'est faite progressivement, le recours par la force étant peu à peu imposé, ce qui se traduit par la suite par les politiques d'annexions territoriales.

Ce livre décrit les rouages d'accession au pouvoir, de fonctionnement d'institutions de plus en plus centralisées et autoritaires, aux mains d'un nombre réduit de personnes, le mécanisme de sanctions et d'influence par la peur. Tétanisés, les Allemands n'ont pas cru bon réagir, en pensant qu'ils ne pouvaient pas s'être trompés, à un moment où le redressement national s'imposait et ont fait un peu l'autruche face à l'indicible, une tendance répressive difficile à imaginer.
Cet ouvrage est utile pour se figurer le mécanisme du pire, afin qu'il ne soit pas réitéré et que chacune et chacun puisse parfaire son devoir de mémoire.