Nous, le Peuple des Etats-Unis... : Essai sur la liberté d'expression et l'anticommunisme, le gouvernement représentatif et la justice économique, les guer
de Howard Zinn

critiqué par Heyrike, le 3 janvier 2018
(Eure - 56 ans)


La note:  étoiles
"Le verbe résister se conjugue toujours au présent" Lucie Aubrac
Vivre au sein d'une démocratie est certes bien plus confortable que de survivre dans un régime totalitaire. Mais que vaut cette démocratie lorsqu'elle est verrouillée par des élites prêtes à tout pour se maintenir au pouvoir ? Au loin à l'horizon, le ciel est bleu mais lorsque l'on s'écarte un peu de la fenêtre on peut apercevoir les barreaux de la cage dorée qui jusque là étaient hors de notre champ de vision. A travers cet essai, l'auteur nous propose de regarder la réalité en face en s'affranchissant des discours officiels relayés par les médias de masse majoritairement détenus (pilotés) par la puissance de l'argent. Les formations politiques plus en marge et la presse dissidente parviennent difficilement, même en se mettant sur la pointe des pieds et en levant haut la main, à se faire entendre parmi le bruit et la fureur de l'insignifiance devenue le credo d'une société abrutie par un flot permanent de pseudo informations.

Machiavel pensait que puisque l'homme est par nature mauvais, plutôt que de vouloir le changer autant s'en accommoder et s'en servir pour se maintenir au pouvoir par tous les moyens possible, la fin justifiant les moyens. Howard Zinn s'oppose radicalement à cette pensée Machiavélique sur la nature humaine, pour lui ce n'est pas la nature de l'homme que d'être mauvais mais le contexte social qui l'y pousse.

En revenant sur divers épisodes de l'histoire des États-Unis, l'auteur nous rappelle que la démocratie Américaine a eu maintes fois les mains sales et a répandu le sang un peu partout dans le monde pour uniquement garantir sa suprématie sur le reste du monde et défier toute velléité de contestation de celle-ci par les autres prétendants au bal des dominants. Il affirme à juste titre que le discrédit du soviétisme, qui a entaché l'idéal socialiste, ne doit pas faire renoncer à la critique du capitalisme. L'idéal capitaliste est un système inique qui ne reconnaît que la loi du plus fort, les faibles peuvent crever, c'est leur droit et leur devoir. Liberté à tous les niveaux. Le rêve Américain n'est qu'un mythe construit de toute pièce, un véritable leurre destiné à faire avancer la masse populaire dans la nasse capitaliste où ils serviront de matière première dans la course au profit. L'auteur est un historien engagé qui a étudié l'histoire de son pays sous l'angle de vue du peuple, tous les faits qu'il rapporte sont parfaitement connus mais occultés dans les manuels d'histoire par des rédacteurs qui souvent préfèrent s'autocensurer plutôt que de passer pour "téméraires, radicaux voire communiste".

Howard Zinn a été tout au long de sa vie un combattant non violent (son expérience durant la seconde guerre mondiale l'a profondément marqué), il savait que tout progrès social ne s'acquiert qu'au prix de l'agitation et du combat pacifique, que tout acquis (on devrait plutôt dire tout conquis) doit être arraché de force aux dominants. Durant toute sa vie il a milité en faveur des droits de l'homme et de la liberté d'expression.

Un ouvrage essentiel pour bien connaître l'auteur et comprendre que la conquête de la liberté commence par le désir impérieux de résistance à toutes les forces de coercitions. "Quand le citoyen est passif c'est la démocratie qui tombe malade" Alexis de Tocqueville.

A lire aussi "Une histoire populaire des États-Unis de 1492 à nos jours", un ouvrage majeur à lire absolument pour connaître la véritable histoire de ce pays.