Taba-Taba
de Patrick Deville

critiqué par Rotko, le 3 janvier 2018
(Avrillé - 50 ans)


La note:  étoiles
Taba-Taba
J’en suis précisément à la page 156 de Taba-Taba de Patrick Deville, et stimulé par le souci d’exactitude qui caractérise le narrateur, j’esquisse, à mes risques et périls, le profil du lecteur « devillien ».

Il doit connaître Proust, convoqué dès l’exergue, auteur qui amène aux sources de l’enfance, du milieu, et des rêves de voyage, alors bien compromis. Chateaubriand et Rimbaud apparaissent brièvement en chemin. Jean Claude Bailly suivra dans des rencontres et considérations passagères sur les paysages. Littérature et géographie inaugurent le cortège où défilent souvenirs, réminiscences, et des réflexions - souvent humoristiques, parfois désabusées, accompagnent le parcours des lieux mais aussi des époques.
Le lecteur aura bien sûr en tête les faits marquants, insolites ou pittoresques, de 1861 à nos jours, dans la mesure où Patrick Deville « obnubilé », dit-il, par les coïncidences de dates ou la concomitance d’entreprises distantes, fait dans un esprit de synthèse des parallèles, sortes de passerelles entre les continents, les épisodes historiques en même temps que les déplacements personnels de l’auteur. L’observateur suit l’Histoire sur le terrain. Un très grand terrain d’exploration.

Car telle est l’entreprise littéraire : Au lecteur de ne pas s’arrêter à un récit particulier de l’auteur, mais d’avoir un regard global sur les parutions passées - ou à venir, les aventures, vécues ou reconstruites, dans l’optique littéraire choisie comme postulat. Voir l’Histoire se faire, mais aussi hésiter, voire trébucher à des moments décisifs, tout en situant l’observateur en 2015-2016, avec les soucis et préoccupations de l’actualité.
Sur la route des protagonistes choisis - des ancêtres proches par la parenté ou par l’accompagnement dans l’enfance, on chemine à la suite de « petites bandes », par sauts et gambades dans le chaos historique.
On ne s’étonnera donc pas qu’à partir d’un estuaire natal, Deville remonte les affluents, et demande son lecteur d’avoir le pied marin dans la grande houle qu’il affronte sobrement.

C’est donc à la page 156 que je fais provisoirement escale avant de reprendre le bourlingage de Taba-Taba.

Taba-Taba, SUITE dans le forum "discussion".: http://bit.ly/2D2QGry