Jésus, de Bethléem au Golgotha
de Roger Caratini

critiqué par Jules, le 21 février 2001
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Très intéressant et agréable à lire
Ce livre, qui ne se veut pas une véritable biographie, n’en est cependant vraiment pas éloigné.
La personnalité de l'auteur, mentionnée en quatrième page de couverture, nous garantit que nous ne sommes pas ici confrontés
à une adaptation « à la Hollywood » des années cinquante de la vie de Jésus. Les premières pages sont d’ailleurs là pour nous remettre les yeux en face des trous s’il le fallait ! C’est le plongeon immédiat dans la spiritualité juive avec les différentes interprétations des textes Saints suivant les tendances en place au moment de la naissance de Jésus.
À ce propos, on tend à mettre la date de sa naissance à quatre ans avant notre ère et celle de sa mort à vingt-neuf ans après le début de notre ère. Le problème pour un historien est que nous ne possédons aucuns texte sur Jésus qui daterait du temps de sa vie. Ce n'est que trente à quarante ans plus tard que les .vangiles seront écrits. En outre, il faut bien admettre que ceux qui les ont écrits faisaient partie de ses fidèles les plus proches. Leur objectivité n'est donc pas certaine. Tout cela dit, il n’en reste pas moins que ce livre est vraiment des plus intéressants et, en outre, très agréable à lire.
Comprendre mieux la pensée des textes juifs comme la Bible ou la Torah nous permet de comprendre ce en quoi Jésus a pu les perturber autant, sans pour autant s’arroger le droit de juger. Ne pas connaître les différences, c'est s'interdire de comprendre. Le livre utilise deux personnages pour nous aider en chemin. Le premier est romain et s’appelle Marcellus. Il est envoyé par Auguste pour lui faire un rapport sur la situation dans cette région du monde romain. Le second est Hiram, Juif samaritain chargé de lui servir de guide. Il est évident que chacun de ces personnages a des conceptions totalement différentes de la spiritualité de son époque. Le romain est un rationaliste sans croyance aucune, il n’en est évidemment pas de même pour Hiram. A eux deux, ils vont tenter de comprendre ce que veut Jésus à travers ce qu’il dit, mais aussi de ce que eux en déduisent. L'interprétation de l'un aide l'autre et vice versa.
Le sujet est traité avec le plus grand sérieux et la plus grande réflexion. Nous sommes dans une période troublée de cette région et du peuple juif. Les querelles vont bon train entre les différentes factions, comme les Pharisiens et les Samaritains. Jésus, lui, bouscule beaucoup d’idées fondamentales de la religion et des règles des livres Saints. A commencer par le fait qu'il s’adresse à tous les hommes de l'univers, ce qui est contraire à l'idée juive. Pour eux, c'est leur peuple qui est le peuple élu.
Dans la condamnation de Jésus interviennent d'abord des questions religieuses évidemment, mais elle n'est pas étrangère non plus à des raisons politiques. Ce n'était pas le moment de perturber l’équilibre religieux, déjà tendu, et il est évident que tous troubles auraient pu avoir des retentissements politiques. Et cela aurait fortement inquiété Rome. Alors que la Judée avait connu beaucoup de prophètes, on peut se demander pourquoi Jésus a eu le retentissement qu’il a connu dans le monde et à travers les siècles. Il apparaît qu’il a véritablement fondé une nouvelle religion. Il s'adressait à tous les hommes, son message est un message d'amour, d’un Dieu d’amour, ce que n’est pas Jahvé. En outre, il apporte la nouvelle de la résurrection pour toutes les âmes, ce qui n’a jamais été le cas avant lui. Au jugement dernier chacun serait jugé, mais par un Dieu d’amour qui peut pardonner moyennant un profond et réel repentir pour ses fautes. L’homme craignant la mort par-dessus tout a été très réceptif à ce message. Selon ses prêches, c'est par son sacrifice sur la croix qu'il a racheté le péché originel, permettant ainsi à l’homme de commencer sa vie sur une autre base.
Ceci n’est qu'un tout petit résumé. Il n’est pas à lire trop vite car il convient d'assimiler ce qu'il dit. Mais le lire, c'est s'enrichir, quelle que soit notre orientation personnelle dans ce débat. C’est tout le moins la sensation que j'en ai gardée, sans pour autant changer mon point de vue personnel.