Souviens-toi, Schopenhauer
de José Miguel Roig

critiqué par Clarabel, le 18 mai 2004
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Album couleur sépia
Le roman de José Miguel Roig parle d'histoires d'amour, celui de deux hommes pour une femme et celui entre deux cousins, ça ressemble à Fitzgerald et "Gatsby" mais "Souviens-toi, Schopenhauer" campe son histoire au Vénézuela. L'Amérique latine des années 50... Aussitôt on pense au chaos politique, aux corruptions et autres assassinats pour étouffer tout mouvement populaire. A sa façon, José Miguel Roig en parle, de façon triste et fataliste.

Son roman commence par un coup de fil de Graciela, une très belle femme mariée à un membre du gouvernement, à son cousin surnommé Schopenhauer, car professeur de philosophie. Au téléphone la jeune femme murmure, paniquée: "J'ai peur, Schopenhauer." Ce coup de fil va déclencher l'histoire de "Souviens-toi, Schopenhauer". Le narrateur prend la plume pour parler de sa magnifique cousine, de son premier mari Aaron retrouvé mort dans un hôtel lugubre, et de son nouvel époux Teofilo, membre très en vue d'un gouvernement corrompu. Lentement le voile va se lever sur la personnalité trouble des protagonistes, y compris le narrateur. Au fil des pages, le mystère de la mort d'Aaron et le pourquoi de la peur panique de Graciela vont s'éclaircir. Quel lien entre tous ces éléments ? et Teofilo a-t-il joué un quelconque rôle dans cette histoire, même encore aujourd'hui ? Schopenhauer va délivrer la vérité, à sa manière de philosophe pauvre et amoureux de sa cousine. Son récit, hâché des moments présents, passés et de sa propre implication dans les mouvements populistes, soulignés et commentés par le véritable Schopenhauer, va retarder le déclenchement de cette bombe à retardement. Mais le dénouement est un peu décevant, on aurait apprécié que l'auteur creuse davantage sa chute finale.

Toutefois José Miguel Roig offre un roman beau et classique, sans maniérisme. Le style n'innove pas, ne crée aucun effet spectaculaire, mais se lit comme d'autres romans hispaniques (ceux d'Antonio Munoz Molina, par exemple). "Souviens-toi, Schopenhauer" reste une très belle histoire aux accents mélo-dramatiques.