La gloire des maudits de Nicolas d' Estienne d'Orves

La gloire des maudits de Nicolas d' Estienne d'Orves

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Veneziano, le 30 décembre 2017 (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 46 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (3 718ème position).
Visites : 2 973 

Changements de vie et morts dans le milieu littéraire

Gabrielle Valoria reçoit d'étranges lettres de Léon Drameille, vieil homme et ancien combattant de la Grande guerre qui attire l'attention de la jeune femme sur le passé de Sidonie Porel, la grande auteur en vogue de la littérature française de ces bouillonnantes années 1950 et Présidente de l'Académie Goncourt. Auteure d'une saga à succès, les Deux France, elle aurait plagié le projet de rédaction qu'ils auraient eu en commun, alors qu'ils étaient compagnons. Alors qu'elle l'a cru mort au combat, elle s'est accaparé l'idée originelle, la livraison de l'ouvrage, les droits d'auteur et la notoriété qui s'en sont ensuivis. Drameillle lui demande de la faire chuter, d'autant plus que l'écrivaine s'est avérée abstinente pendant la guerre : sans complaisance envers l'ennemie, elle ne s'est pas rebellée contre l'occupant. Faire appel à Gabrielle Valoria repose sur deux causes fondamentales, elle est la fille d'un collaborateur exécuté à la Libération et ce dernier, éminent séducteur de l'entre-deux-guerres, a connu une liaison endiablée avec Sidonie Porel. Ces deux raisons justifient l'absence de méfiance, voire l'attendrissement, de cette dernière.
Et l'écrivaine se laisse aller à adopter l'orpheline de cet amant de coeur dans son entourage, où existe en premier lieu Marie, la bonne à tout faire qui se crève à la tâche pour une employeuse qu'elle semble vénérer.
La dynamique est enclenchée, Porel, fine mouche, ne se livre qu'avec grande parcimonie ; mais les mystères et personnages ambivalents viennent s'agglutiner, au fur et à mesure que Gabrielle avance, pourtant à pas feutrés. Elle intègre d'abord le milieu des anciens collabos, ce que lui permet sa filiation, puis élargit le cercle de ses investigations. Tous ou presque jouent ou ont occupé un rôle trouble et détiennent quelque chose à dissimuler.
La machine s'emballe, jusqu'à ce que le soufflet retombe brusquement, de manière aussi incongrue que la manière dont le récit a commencé. Tout le monde ne ressort par indemne de cette histoire.

L'intrigue de ce récit s'avère aussi sombre que riche en rebondissements et analyses psychologiques. Il est empreint d'un suspense quasi-policier où s'en mêlent et s'emmêlent histoire et littérature. Il n'en fallait pas tant pour me complaire. J'ai trouvé ce roman très bon.

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Roman sur le mensonge et l’imposture

9 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 59 ans) - 22 novembre 2018

Après l’excellent roman « Les fidélités successives », Nicolas d’Estienne d’Orves évoque à nouveau le monde collaborationniste parisien et la période peu connue des suites de la seconde guerre mondiale dans une histoire à la fois palpitante, bien construite et qui ravira certainement tous les amateurs de bons récits. Là où « Les fidélités successives » s’arrête au moment où les collabos entrent en prison, « La gloire des maudits » commence lorsqu’ils en sortent, sans qu’il y le moindre lien entre ces deux romans.
Gabrielle, jeune femme au talent d’écriture inexploité, va être l’instrument d’une vengeance à l’égard d’un auteur accusée d’imposture. Fille ruinée d’un collaborateur exécuté à la libération, elle devra louvoyer entre les anciens amis de son père et sa propre conscience par goût d’aventure mais aussi pour sauver les meubles, au propre comme au figuré.

Nicolas d’Estienne d’Orves a bien compris une règle fondamentale de la littérature, c’est le respect du lecteur par l’auteur. Il le fait d’ailleurs dire explicitement par un de ses personnages. Il n’empêche que l’auteur utilise de temps à autre un substantif ou un adjectif un peu désuet (p.ex. gommeux, camériste, chaisière…) mais heureusement avec modération.

A nouveau, l’auteur ne s’embarrasse pas trop de la réalité historique, place des personnages de fiction dans les milieux littéraires parisiens des années 50, va sortir de son chapeau un personnage fantasmagorique du même acabit que Monsieur « R » des « fidélités » en la personne d’Etienne Licht mais malheureusement ficèle assez maladroitement la chute du roman.

Quoi qu’il en soit, une jubilation de lecture grâce à un style très relevé tout en restant très lisible en aérant de manière subtile le fil du récit !

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