Le Pays du carnaval
de Jorge Amado

critiqué par Tistou, le 19 décembre 2017
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Premier roman de Jorge Amado
ll est dit en quatrième de couverture que Jorge Amado a 18 ans quand il commence l’écriture de ce qui sera son premier roman. Il serait alors jeune journaliste (précoce le Jorge Amado !) et manifestement journaliste engagé.
Paulo Rigger, jeune Brésilien qui vient de passer plusieurs années à Paris – on n’ose dire pour étudier car ce ne fut manifestement pas le cas – rentre en bateau au Brésil. Il est en situation, vu son âge, en fait de découvrir son pays après quelques années d’oisiveté parisiennes. Nous allons le découvrir par son biais, ce pays où les fortunes terriennes les plus considérables (comme celles de sa famille) côtoient la misère la plus crasse – la grande masse de la population, bien entendu. Ce pays c’est « Le Pays du Carnaval ».
J’y ai trouvé, malheureusement sans le relever, un passage entier qui fut repris plus tard dans « Gabriela, girofle et cannelle », lu juste avant. Comme si, quand même, l’écriture de ce « Pays du Carnaval » avait été un brouillon …
Ça concerne l’amourette de passage de Paulo avec Maria de Lourdes, une jeune fille pauvre que Paulo envisage un temps d’épouser.
Le roman est court par rapport à « Gabriela, girofle et cannelle », mais déjà on y trouve le même genre de problématique ; ces fils de riches qui vivent entre eux, passent leurs soirées à s’amuser ou à discourir sur l’état de la société (vu par leur filtre !). Paulo Rigger est de ceux-là et fréquente donc des hommes aussi jeunes que lui destinés à devenir notables : juge, hommes d’affaires, simple affairiste, « littérateur » tendance raté, et un journaliste de plus de soixante ans qui fait loi, Pedro Ticiano, un journaliste ostracisé mais qui justement sert de phare à cette jeunesse.
On va donc suivre les aventures oisives et principalement amoureuses de Paulo Rigger. Entre Julie la Française débarquée du même bateau que lui pour découvrir le Brésil et qui n’est pas précisément une jeune oie blanche ! Et Maria de Lourdes, entrevue lors d’une séance de cinéma et dont il s’amourache, qu’il s’apprête à sortir de la misère et qu’il rejettera finalement au nom d’un conformisme des plus rétrogrades.
Et les discussions, et les grandes idées d’oisifs fortunés …
« Le Pays du Carnaval » préfigure parfaitement ce qui va sous-tendre l’œuvre ultérieure de Jorge Amado. Pas simple, le Brésil. Mais ça on s’en doutait …