Alors vous ne serez plus jamais triste : Conte à rebours
de Baptiste Beaulieu

critiqué par Marvic, le 23 janvier 2018
(Normandie - 65 ans)


La note:  étoiles
En sursis
"Mark"  est décidé à en finir. La mort de son épouse lui a ôté toute envie de vivre. Il n'éprouve plus aucun intérêt pour son métier de chirurgien, et se détache du monde, prêt à le quitter définitivement.
C'était sans compter sur une étrange rencontre. Une vieille dame fantasque et un peu divinatrice, qui conduit son taxi en fumant cigarette sur cigarette, en triturant les cendres du cendrier, en décidant elle-même de la destination, et qui curieusement sait beaucoup (trop ? ) de choses sur lui. Mais Sarah est aussi très têtue, et après âpres négociations, obtient un sursis de 7 jours pour lui faire changer d'avis.
Sept jours pendant lesquels Mark devra suivre Sarah dans des aventures aussi folles les unes que les autres.
Sept jours pour lui démontrer qu'un après est possible, que l'on peut encore sourire, encore admirer un lever de soleil… et pour cela elle déploie des moyens extravagants ou choquants.
"Notre seule liberté est de dire aux morts que oui, vraiment, le sentiment d'exister ne devrait jamais devenir une habitude."

Difficile de me passionner pour ce roman ; des vérités voire des évidences sont énoncées, des situations cocasses...ou pas.
Il y a pourtant des passages touchants, les épisodes de la vie du Docteur, élevé par son grand-père qui nous amènent aussi à comprendre son dégoût de la vie.
Mais cela reste pour moi assez plat, pas forcément original avec un manque de dynamisme, de rythme. Même la fin, si elle laissait un léger doute, me semblait prévisible.
La numérotation inversée est judicieuse ( déjà vu le chapitrage inversé dans "La vérité sur l'affaire Harry Québert")
Un peu déçue sans vraiment en connaître la raison, je crois que mon malaise est venu de ce mélange de détresse pure (avec certaines scènes particulièrement douloureuses), et d'humour qui n'est pas parvenu à me faire oublier de si grandes souffrances.
sous-titré « Conte à rebours ». Fraise Tagada ? 6 étoiles

Conte à rebours, parce que ça ressemble à un conte, parce qu’aussi la pagination est effectuée à l’envers. Bon ! Au-delà du procédé marketing ça ne va pas chercher loin.
« Alors vous ne serez plus jamais triste » fait partie de cette mouvance de romans très imaginatifs, au détriment de la moindre crédibilité, et qui ne rechignent pas à la pire invraisemblance (cf les romans de Mathias Malzieu, Romain Puertolas, Vikas Swarup …).
Soit un chirurgien malheureux, qui vient de perdre sa femme, n’a plus le goût à son métier, plus le goût à la vie plus simplement. Soit une vieille dame extravagante et médium, capable de deviner et de lui annoncer des éléments déterminants de sa vie passée, et de son futur puisqu’elle « sait » qu’il cherche à mourir, une vieille dame donc qui conduit un taxi et dont l’imagination comme les moyens semblent sans limite.
Après ? Après il ne reste plus qu’à broder à la grosse ficelle des rebondissements improbables, des épisodes hurluberluesques qui font côtoyer drame et tendresse, qui irritent ou surprennent le lecteur, et qui lui font tourner les pages surtout. Oui, « Alors vous ne serez plus jamais triste » ressort aussi de la catégorie des « page – turners ». Le genre qu’on ne lâche pas facilement tant qu’on n’a pas accès à la fin qui explicite tout ce qui précède, y compris le plus grotesque.
C’est tout ça « Alors vous ne serez plus jamais triste ». Tout ça et ça laisse in fine comme une impression de vacuité. Trop de facilité probablement, trop de sucre sur la pâtisserie et trop de parfum synthétique. Genre fraise Tagada, qu’on mange même si on sait bien que ce n’est pas de la vraie et saine nourriture.

Tistou - - 67 ans - 3 octobre 2018