Les Monstres
de Lauren Beukes

critiqué par Tistou, le 3 mars 2018
( - 67 ans)


La note:  étoiles
OVNI mi-polar mi-SF
Frustrant ouvrage qui démarre en polar, le reste pour l’essentiel des pages et se termine en SF qui ne dit pas son nom, qui ne dit rien, et qui m’a laissé pour ma part passablement frustré.
Detroit, années post-industrielles, je veux dire Detroit la ville ruinée, à l’abandon, désertée par l’activité de l’industrie automobile qui faisait battre son cœur économique.

« L’enfant est couché sur le côté, les jambes repliées, les yeux fermés, le visage serein. Position latérale de sécurité. Sauf qu’il est un peu tard pour parler de sécurité et que ce ne sont pas ses jambes. Il est maigre comme une tige de haricot. Sa peau est belle, même si la perte de sang l’a jaunie. Il n’est pas encore ado, tranche mentalement Gabi. Pas d’acné. Pas d’égratignures ni de bleus, pas de traces de lutte ni de signe que quoi que ce soit de néfaste lui est arrivé. Du moins au-dessus de la taille.
En dessous, c’est une autre histoire. Merde, c’est même carrément un autre rayon de la bibliothèque. Il y a une entaille sombre juste au-dessus de l’endroit où devraient se trouver ses hanches, là où il a été en quelque sorte … rattaché à l’arrière-train d’un cerf, sabots et poils compris. »

On le constate avec ce départ, nous sommes en pur polar. Déjanté – mais le monde allant comme il va, les polars sont de toutes façons de plus en plus déjantés – mais polar. L’inspectrice Gabriella Versado est gâtée pour cette enquête.
D’autant que les « anomalies meurtrières » ne vont pas se limiter à cette première découverte macabre.
Ce versant du roman est classique, celui d’une enquête policière. Un autre versant est celui de la vie un peu compliquée de ladite inspectrice qui élève seule son adolescente de fille, Layla, qui – comment le définir ? – qui est … une adolescente avec toute la part d’incontrôlabilité, d’incongruité qu’on peut raisonnablement imaginer s’agissant d’une adolescente.
Mais il y a un troisième versant, qui interfère avec les deux autres, et qui devient particulièrement prégnant sur les, disons, cent dernières pages.
Loin de nous apporter solutions à nos conjectures, apaisement à l’issue d’une enquête compliquée, ce troisième versant nous fait basculer du côté d’un climat SF onirique auquel, pour ma part, je n’ai pas compris grand-chose et qui se révèle – déjà dit plus haut – frustrant !
Plus polar que fantastique 6 étoiles

Que dire de ce livre, lu dans le cadre du prix CL 2018 ?
Plus polar que fantastique donc, du moins pour les deux premiers tiers. D'ailleurs la bibliothèque l'a classé dans les policiers.
Plutôt ennuyeux au début, je me suis embrouillée dans tous les personnages – qui auront certes un rôle à jouer dans la suite, mais n’ont aucun lien entre eux au départ.

Le seul point positif (si l’on peut dire), c’est de faire apparaitre le danger des réseaux sociaux, particulièrement pour les adolescentes…
« Le monde est comme ça, désormais. Tout est public. […] Il faut trouver un moyen de vivre avec »

Ludmilla - Chaville - 68 ans - 18 mars 2018