Futu.Re
de Dmitry Glukhovsky

critiqué par Tistou, le 13 janvier 2018
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Attention : Pavé !
726 pages tout de même pour ce roman d’anticipation. Et qui dit anticipation dit … futur déprimant (misez une petite pièce là-dessus et vous gagnerez à tout coup !). Donc, en construisant le syllogisme jusqu’au bout : 726 pages de futur déprimant. Mais on s’en sort. Si, si ! Moi je m’en suis sorti intact, alors …
Pour faire une comparaison, si vous avez lu « Silo », de Hugh Howey, on est un peu dans la même configuration (quoique « Silo » est un peu moins long) ; monde surpeuplé, apocalyptique, population contrôlée, manipulée …, bonheur absolu ! (et je m’étonne de ne pas trop aimer la S.F. !)

« Quant au goût de la compétition avec Dieu, voilà des lustres qu’il est perdu.
Le temps où Il était unique est passé ; désormais, Il est un parmi cent vingt milliards. Et ça, c’est dans le cas où il est recensé en Europe, car il faut compter également la Panamérique, l’Indochine, le Japon et ses colonies, les territoires latinos et enfin l’Afrique. Au total, un peu moins d’un trillion de Terriens. Nous sommes à l’étroit »

Cent vingt milliards d’individus en Europe. Pour le trillion, on va le considérer au sens anglo-saxon du terme, c’est-à-dire mille milliards –déjà pas mal – pour le monde entier.
Mille milliards d’êtres humains pour cette pauvre planète, bien sûr, il y a quelques aménagements à prévoir !

« L’Europe ressemble à une forêt tropicale fantastique : les tours ont des allures de troncs d’arbres de plusieurs kilomètres de hauteur dont la circonférence dépasse souvent un kilomètre, et les tubes de transport et les passerelles qui les relient font office de lianes. Les tours s’élèvent au-dessus de la vallée du Rhin et du Val de Loire ; elles ont poussé au Portugal et en République tchèque. Ce qui était naguère Barcelone, Marseille, Hambourg, Cracovie, Milan, n’est plus, aujourd’hui, qu’un seul pays, qu’une seule ville, un monde à part entière. »

Des aménagements, disais-je. Le plus notable est la règle érigée en principe absolu ; plus de reproduction ou bien l’un des deux reproducteurs doit se sacrifier pour laisser sa place. C’est, qu’en effet, et c’est pour cela que l’humanité pullule, on a su stopper le processus de vieillissement et donc accéder à une … immortalité. Concevez un enfant et alors l’un des deux parents devra se désigner pour recevoir l’injection qui lui fera retrouver un vieillissement, accéléré, et donc mourir rapidement.
Et que croyez-vous qu’il advienne en de telles circonstances ? Certains bien sûr ne déclarent pas les grossesses espérant échapper à l’injection. Et donc ? Et donc il y a des Phalanges spécialisées pour lutter contre ce type de « délinquance », retrouver les coupables, les éliminer et récupérer les enfants alors sans parents.
Matricule 717 est un de ceux-là. Je veux dire un membre d’une de ces Phalanges, mais aussi un « orphelin ». Il vit une vie médiocre (dans de telles conditions de surpopulation comment pourrait-on vivre autrement que médiocrement ?!) et un ponte, un Sénateur, le contacte personnellement pour lui proposer d’améliorer sa condition, à condition … à condition d’effectuer un travail un peu spécial pour ledit Sénateur.
Et c’est donc parti pour 726 pages de malaise, d’inconfort devant ce futu.r qui pourrait nous attendre. Une vision du futur venue de Russie, puisque Dmitry Glukhovsky est russe.
C’est bien écrit, pas de doute. L’histoire est forte mais installe un gros malaise chez le lecteur, au moins chez moi. Et ça, j’apprécie moins …
Non - Et en plus c’est long 2 étoiles

L’idée de base aurait pu être intéressante: l’immortalité est possible par modification génétique, comment les états gèrent-ils cette situation? Mais le monde de ce livre est un peu “basique” politiquement parlant. En Panam (plus ou moins les Etats-Unis), un nombre limité de personnes y ont droit. En cas de décès (accident..), une place se libère et doit être achetée. En Europe, tous y ont droit mais, pour éviter la surpopulation, en cas de naissance, un des parents devra mourir. En Russie, le livre n’est pas très clair, il semble que ce soit réservé aux oligarques. Quant aux autres pays (Afrique, Inde, Chine,..), on ne sait pas.
Ceci étant, même l’idée de base n’est pas si claire. La modification génétique ne porte, si j’ai bien compris, que sur le vieillissement. Or les maladies ont aussi disparu... Seuls sont malades ceux qui vieillissent - vite (parce qu’ils ont eu un enfant par exemple)

C’était le côté positif. Pour moi, tout le reste n’a que peu d’intérêt:
- une longueur excessive (plus de 700 pages)
- une vision des femmes pour le moins machiste. Par exemple, le “héros” viole un des personnages féminins, mais elle finit par être plus que consentante… cette même femme qui, plus tard, paiera sa caution pour le libérer alors qu’il l’a rejetée.
- des scènes de violence et de sexe qui auraient pu être beaucoup moins détaillées
- un mélo invraisemblable (impossible de détailler sans spoiler .... quoique ça pourrait permettre à d’éventuels lecteurs de ne pas perdre leur temps)

Bref je n’ai pas aimé.

Lu dans le cadre du prix CL2108

Ludmilla - Chaville - 68 ans - 10 février 2018