Lui
de Patrick Isabelle

critiqué par Libris québécis, le 13 décembre 2017
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
L'Intimidation appelle la vengeance
Troisième volume d’un triptyque, ce roman oriente le halo sur un adolescent qui retourne chez ses parents après avoir purgé une peine pour meurtre dans un centre de détention pour la jeunesse. Cette œuvre classée par l’éditeur dans la littérature jeunesse est destinée plutôt à des lecteurs aguerris. Elle est d’autant plus difficile à parcourir si l’on n’a pas lu les deux tomes précédents.

L’auteur traite de l’intimidation dans les écoles. Le sujet au Québec est constamment abordé dans les médias. Depuis quelque temps, quelques auteurs naviguent dans ce sillon dont Patrick Isabelle. Son protagoniste a abattu un élève de son école pour se venger comme victime de la méchanceté de ses pairs. Ce cas résulte du principe œil pour œil. Notons que les établissements scolaires servent souvent de décor à cette barbarie, particulièrement aux États-Unis. À Montréal, ce sont surtout des universités qui servent de théâtre aux défoulements meurtriers.

Après son séjour en centre de détention, le jeune assassin de 17 ans pense retrouver une vie normale auprès de ses parents. Mais on n’oublie pas aussi facilement ce qui s’est passé, surtout avec les réseaux sociaux. Ceux qui ont gravité dans l’axe du tueur ont la mémoire longue. La colère est d’autant plus explosive quand elle a mijoté pendant trois ans, C’est le nombre d’années maximal auquel sont condamnés les assassins d’âge mineur. Le pire peut se reproduire dans un tel contexte. Autrement dit, nos actes nous suivent.

Derrière ce canevas, l’auteur laisse entendre que s’est appliquée la théorie de cercle vicieux. Un bourreau peut avoir été la victime de ses victimes. La douleur engendrée par l’intimidation forcenée est inextinguible. Et quand l’intimidateur a échappé à la tuerie, il devient une bête féroce. Il devient impossible de changer le regard d’autrui quand les belligérants sont innervés par la violence.

Le roman sensibilise au grave problème de l’intimidation. Mais la lourdeur de sa structuration risque d’en détourner le lecteur. Dommage !