Manuel d'exil: Comment réussir son exil en trente-cinq leçons
de Velibor Čolić

critiqué par Pucksimberg, le 10 décembre 2017
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Velibor Colic, cet écrivain exilé ...
"J'ai vingt-huit ans et j'arrive à Rennes avec pour tout bagage trois mots de français - Jean, Paul et Sartre." Dans ce "Manuel d'exil", Velibor Colic parle de sa propre expérience d'exilé, de migrant, en Europe. Il raconte à son lecteur toutes les étapes qu'il a traversées avec humour, ironie et gravité parfois. On le voit passer dans divers centres, fréquenter tous ces hommes qui quittent leur pays et qui se voient rejetés dans des lieux insalubres, isolés, loin de la vie européenne qu'ils pensaient trouver.
Velibor Colic a toujours voulu être écrivain ou plutôt un poète maudit. Il avait déjà publié des textes dans son pays d'origine. Il est bosnien et a connu la guerre. Il a même été enrôlé, contraint et forcé, mais pour ne pas tuer d'hommes, il tirait vers le ciel. Il a déserté espérant trouver un accueil chaleureux dans notre contrée. Il se sent complexé dans ce pays dont il ne parle pas correctement la langue au départ. D'écrivain dans son pays, il devient illettré en France. C'est son long parcours qu'il nous narre, ses voyages ( Tchéquie, Allemagne, Italie, Strasbourg qui a gagné son cœur ... ) Il évoque aussi ses débuts en littérature comme ce repas dans lequel il mange aux côtés de Salman Rushdie et de Tony Morrison. D'autres auteurs et philosophes français seront évoqués ...

Le roman se lit avec plaisir, les chapitres sont courts et variés. Ce narrateur a des allures bien sympathiques et se révèle attachant. Il doute souvent, se sent inférieur aux autres et se réfugie dans l'alcool. Il goûte avec enthousiasme à la littérature. Le texte est parsemé de références littéraires variées et de qualité. La vie de cet auteur est romanesque. Je comprends pourquoi l'écrivain se met en scène dans ses romans. Il y a de la matière pour créer un héros désabusé, marginal par défaut et sans doute incompris. Dans ce texte on assiste à la naissance d'un écrivain. On voit ce qui l'a construit, comment il perçoit son oeuvre et sa place dans le monde littéraire ... La première moitié du roman se lit très facilement, le style est simple et semble peu travaillé, alors que la seconde moitié, quand les activités littéraires sont évoquées, la plume semble même différente, plus riche et plus complexe. C'est sans doute ce point qui donne l'impression d'assister à la naissance d'un auteur quand on mesure cette évolution.
L'auteur se définit avec humour comme un Hemingway des Balkans. Dans le dernier chapitre, le ton est plus grave et plus lyrique. Combien ce style donne de l'épaisseur à son oeuvre et de la force !

Velibor Colic est vraiment un auteur qui gagne à être connu. J'espère qu'un prix littéraire important pourra le mettre davantage en lumière. Il le mérite totalement.
Tromperie (de l’éditeur ?) 4 étoiles

Ni le titre ni la quatrième de couverture ne correspondent, à mon avis au contenu de ce livre.
Il y a bien 35 « chapitres », 35 saynètes décrivant des moments de la vie en exil de l’auteur. Peu de liens entre ces différents chapitres, par contre beaucoup d’alcool (Je ne supporte pas les descriptions de beuveries, qu’elles soient réelles ou imaginaires…)
La quatrième de couverture met l'accent sur l'humour. Si humour il y a, je suis passée à côté.

J’ai failli abandonner au milieu du livre. La lecture des critiques m’a convaincue de continuer, la seconde moitié étant décrite comme plus littéraire – ce qui n’est pas faux mais n’en justifie néanmoins pas, à mes yeux, la lecture.

Ludmilla - Chaville - 68 ans - 6 juillet 2020