Pour quelques milliards et une roupie
de Vikas Swarup

critiqué par Ellane92, le 6 décembre 2017
(Boulogne-Billancourt - 48 ans)


La note:  étoiles
deux roupies mais pas plus !
Sapna est vendeuse dans un magasin d'électroménager de Dehli. C'est son travail qui permet de faire vivre Ma, sa mère, et qui paie les études sa jeune soeur, qui ne rêve pourtant que de décrocher une candidature dans une émission de télé-réalité pour devenir une vedette. Entre midi et deux, elle va prier au temple d'Hanuman. Et c'est là qu'elle rencontre un homme plutôt âgé qui lui fait une drôle de proposition : devenir PDG du groupe ABC, l'un des groupes industriels le plus important d'Inde, d'une valeur de plusieurs milliards. Pour cela, elle devra subir 7 épreuves.
Forcée par la main du destin, Sapna se voit plus ou moins contrainte de signer ce contrat complètement fou avec le vieil homme. C'est à ce moment-là qu'elle est envoyée par son manager dans un village où un homme, qui a presque dévalisé le magasin à l'occasion de son mariage, ne sait pas commet brancher son frigidaire, ni se servir de son lave-linge... Sur place, elle croise une jeune fille en larmes : il semblerait que la future épousée ne tienne vraiment pas à se marier.

Vikas Swarup est surtout connu pour avoir écrit "Les fabuleuses aventures d'un Indien malchanceux qui devint milliardaire", qui a donné lieu à un film largement récompensé. Pour ma part, on m'avait vanté les délices d'un "Meurtre dans un jardin indien". Du coup, quand l'occasion s'est présentée, je me suis jetée avec confiance sur "Pour quelques milliards et une roupie".
Ce livre compte un prologue, qui met l'histoire en place, 7 chapitres, un par épreuve, et un épilogue. Le tout est frais et sympathique, plutôt moralisateur et pas du tout crédible. Chaque chapitre-épreuve donne prétexte à V. Swarup à nous faire découvrir quelques façades pas très reluisantes de son pays : l'application stricte des traditions, qui permet de bafouer allègrement les droits des femmes et des enfants, les magouilles autour du don plus ou moins consentant d'organe, et bien sûr, la corruption, qui semble omniprésente dans ce pays.
Les "aventures" de Sapna sont décrites avec beaucoup d'humour, c'est même parfois un peu loufoque. En fait, il n'y aurait eu que deux ou trois épreuves, j'aurais surement adhéré au livre. Mais pour le coup, j'ai trouvé l'ensemble longuet, d'autant que les chapitres se déroulent selon le même procédé, un peu creux, et beaucoup moralisateur (et non, je n'aime toujours pas, qu'on se le dise !).
Bref, Pour quelques milliards et une roupie est un livre détente pour découvrir l'envers (et l'endroit) de Bollywood, mais pas beaucoup plus !
Constructions de ses romans répétitives 6 étoiles

Vikas Swarup est ce journaliste – écrivain indien, qui connut rapidement son heure de gloire avec « Les fabuleuses aventures d’un Indien malchanceux qui devint milliardaire ». C’est un raconteur d’histoires qui profite de celles-ci pour raconter l’Inde actuelle, pour mettre au grand jour ses maux, ses particularités. Une de celles-ci étant clairement l’amour de l’argent, peut-être une préoccupation de Vikas Swarup mais surtout celle de la société indienne moderne ! « Indien qui devient milliardaire », « Pour quelques milliards et une roupie », … la thématique est claire.
La construction de ce « Pour quelques milliards et une roupies » est par contre du même ressort que les deux précédents romans de Vikas Swarup ; « Les fabuleuses aventures … » donc ou « Meurtre dans un jardin indien ».
L’écrivain Swarup est resté le journaliste qu’il est (était ?). Je veux dire par là qu’il procède par saynètes. Le roman est découpé en tranches, en épisodes.
Ici, nous avons affaire à Sapna Sinha, une Indienne jeune adulte de Delhi qui survit comme elle le peut avec une mère malade, une plus jeune sœur qui rêve surtout à devenir Miss India ( !) et qui tente de maintenir la barque à flot en travaillant misérablement comme vendeuse d’électroménager. Un peu un tableau de la middle – class indienne limite basse, qui n’est pas dans la misère mais galère grave. Survient dans ce contexte un étrange et richissime industriel, le PDG de l’empire industriel ABC, Vinay Mohan Acharya, qui lui propose de devenir l’héritière de son empire à condition de réussir sept épreuves. Sept épreuves qui seront sept chapitres, l’occasion pour Vikas Swarup de nous raconter la thématique qu’il a choisie en l’insérant dans son histoire ; même procédé qu’avec « Les fabuleuses aventures … ».
Ca n’a plutôt ni queue ni tête ce genre de synopsis mais au moins les considérations développées par Vikas Swarup, elles, sont intéressantes. Le syndrome du journaliste, je vous dis !
Il faut lire « Pour quelques milliards et une roupie » pour ces considérations très éclairantes sur la réalité de l’Inde moderne. Parce que l’histoire elle-même …

« Lorsqu’un inconnu aborde une jeune femme à Delhi, le premier réflexe de celle-ci est d’attraper la bouteille de spray au poivre qu’elle garde toujours à portée de main. Mais celui qui me fait face n’a rien d’un traîne-savates désoeuvré. C’est un monsieur âgé, vêtu d’un pyjama kurta en soie blanc cassé, un pashmina blanc drapé négligemment sue les épaules …/…
- Je m’appelle Vinay Mohan Acharya, dit-il posément, et je dirige Acharya Business Consortium. Avez-vous entendu parler du groupe ABC ?
Je hausse les sourcils en guise d’assentiment. Il s’agit d’un des plus gros groupes industriels en Inde, qui produit de tout, depuis le dentifrice jusqu’aux turbines.
- J’ai une proposition à vous faire, qui va changer radicalement le cours de votre vie. Donnez-moi dix minutes, et je vous expliquerai. »

Tistou - - 67 ans - 12 décembre 2017